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SOCIALISTES RÉVOLUTIONNAIRES

Créé en 1902 par la fusion de plusieurs groupes, le Parti socialiste révolutionnaire se réclame des traditions populistes du mouvement révolutionnaire russe. Il publie à l'étranger deux organes, Revolioutsionnaïa Rossiia et Vestnik Rousskoï revolioutsii et en français, à Paris, la Tribune russe se dote d'un programme présenté par Tchernov en 1904 et adopté à la fin de 1905. Partisan de la terreur et instigateur de plusieurs attentats contre les membres du gouvernement et de l'administration tsariste, le Parti socialiste révolutionnaire dispose, à cet effet, d'un groupe spécial, l'Organisation de combat, dirigée par Gerchouni, puis par Azef, qui sera démasqué en 1908 comme agent provocateur. Le programme des socialistes révolutionnaires (S.R.) comporte la socialisation des terres et l'organisation des paysans dans le mir. Aussi, leur influence est-elle très grande dans les campagnes et ils forment la plus importante organisation socialiste russe. Affiliés à la IIe Internationale, les S.R. sont représentés au Bureau socialiste international par I. Roubanovitch. Ils jouent un grand rôle dans la révolution de 1905 où ils sont largement représentés dans les soviets, siégeant aux côtés des social-démocrates et alliés avec eux. En 1906 se produit une première scission : l'aile droite forme le parti du Travail alors que sur l'aile gauche se détachent les maximalistes.

Les S.R. ont pris une part active à la révolution de février 1917 et ont disposé de la majorité dans la plupart des soviets. Ils ont soutenu le gouvernement provisoire et plusieurs de leurs dirigeants y ont occupé des fonctions de premier plan (le Premier ministre Kerenski, Avxentiev, Tchernov). Lors de la révolution d'Octobre se produit une nouvelle scission entre l'aile droite opposée aux bolcheviks et l'aile gauche prête à collaborer avec Lénine. Kareline, Kolegaïev, Prochiane et Steinberg font même partie du Conseil des commissaires du peuple dont ils démissionnent lors de la paix de Brest-Litovsk. Toutefois, dès la dissolution de la Constituante, les S.R. de droite sont privés de leur presse tandis que, progressivement, ils sont évincés des soviets. C'est après l'assassinat de l'ambassadeur allemand von Mirbach, dû à un S.R. de gauche, puis ceux des leaders bolcheviques Volodarski et Ouritski, en juillet 1918, que les S.R. de gauche sont réduits à leur tour au silence. En août 1918, Fanny Kaplan, militante S.R. essaie d'attenter à la vie de Lénine.

Kerenski - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Kerenski

Élection de l'Assemblée constituante - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Élection de l'Assemblée constituante

Après un bref retour à la légalité en février-mars 1919 pour les S.R. de droite, en 1920 pour un petit groupe de S.R. de gauche, ces derniers se scindent à leur tour et une fraction d'entre eux adhère au Parti communiste en octobre 1920. Malgré les entraves, les S.R. continuent à exercer leur influence dans les campagnes et jouent un rôle notable dans la révolte de Tambov en 1921. Une partie des dirigeants sont arrêtés, d'autres émigrent ; en juin-juillet 1922 se tient à Moscou, sous la présidence de Piatakov, le procès des socialistes révolutionnaires, qui a un retentissement international et est destiné à dénoncer le rôle contre-révolutionnaire qu'ils auraient joué pendant la guerre civile. Les avocats de la défense, Mouraviev et le socialiste belge Vandervelde, se retirent du procès. On ne sait ce qu'il est advenu des accusés qui, pourtant, n'ont pas été condamnés à mort. Dès lors, la persécution des anciens cadres socialistes révolutionnaires s'intensifie, et le parti disparaît de la scène politique.

— Claudie WEILL

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Écrit par

  • : chercheur à l'École pratique des hautes études

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Kerenski - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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Élection de l'Assemblée constituante - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

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