Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SOCIÉTÉ CIVILE

Perspectives actuelles

Comme le notent aussi bien Andrew Arato et Jean Cohen qu'Ernest Gellner, le terme société civile a connu ces dernières décennies une importante reviviscence due à différentes mutations et à de « nouvelles idéologies » diffusées par certaines forces sociales et politiques.

Citons deux exemples, qui mêlent indissociablement facteurs idéologiques et transformations structurelles de leurs sociétés. Malgré d'importantes différences, ils ont au moins un point commun : dans les deux cas, il s'agit, à des degrés divers, de situations de crise sociale et politique. L'expression société civile, ou plutôt le syntagme de « reviviscence de la société civile », désigne alors ce qui pourrait constituer l'une des solutions à la crise. Ainsi, dans le cadre de différentes transitions démocratiques dans les années 1980-1990 (Amérique latine, Europe centrale et orientale), la société civile sera désignée comme le moteur du changement et de la contestation face à un État autoritaire.

De même, à un degré d'opposition évidemment moindre, c'est cette même société civile qui sert de creuset aux espoirs de forces politiques et sociales émergentes dans les pays démocratiques, en particulier dans le contexte de l'après Mai-68 : ainsi de la « deuxième gauche » en France, ou de l'écologie politique en Allemagne.

Dans cette dernière lignée, le succès nouveau et grandissant de l'expression de « société civile internationale », qu'on retrouve notamment dans le discours des mouvements altermondialistes, ou des organisations non gouvernementales, marque un changement d'échelle de l'opposition traditionnelle État-société civile : ici, celle-ci ne s'oppose plus seulement à un État mais à un ordre mondial injuste. Cette projection du concept dans un espace élargi témoigne assez bien de sa plasticité et de sa capacité d'adaptation à des contextes sociaux et historiques très variés.

— Daniel MOUCHARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de science politique, université de Poitiers

Classification

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE DU PATRIMOINE

    • Écrit par
    • 4 702 mots
    • 2 médias
    ...radicalement un site ou un écosystème, participent de ce que Daniel Fabre a identifié comme des « émotions patrimoniales » (2013). Des individus de la société civile se regroupent, interpellent les pouvoirs publics, activent des réseaux internationaux pour remédier à un changement structurel ou à la...
  • ARMÉE - Pouvoir et société

    • Écrit par
    • 16 324 mots
    • 5 médias
    Cette contestation interne, encore parcellaire, il est vrai, s'accompagne d'une polarisation civile, quant à elle généralisée. Sans parler même des appelés, les personnels d'active, devenus, par force, plus casaniers, s'intègrent chaque jour davantage à la collectivité nationale dont ils étaient naguère...
  • BANGLADESH

    • Écrit par et
    • 8 423 mots
    • 10 médias
    La contribution significative de la Grameen Bank au développement du Bangladesh témoigne également de la place qu’occupe la société civile dans ce pays qui compte 22 000 organisations non gouvernementales (O.N.G.). La lente construction de l’État après l’indépendance, ainsi que l’arrivée massive...
  • BICAMÉRISME ou BICAMÉRALISME

    • Écrit par
    • 5 328 mots
    • 2 médias
    Si « la vie locale » des entités infra-étatique peut s'exprimer par le canal de la seconde Chambre, la vie économique et sociale doit également pouvoir le faire. Bref la « société civile » devrait pouvoir être représentée au sein du Parlement.
  • Afficher les 16 références