- 1. Nature ou artifice : les paradoxes de l’origine
- 2. Faire société : le contrat
- 3. Où commence l’échange des biens ?
- 4. La monnaie, une commune mesure
- 5. De la promesse comme fondement de la vie sociale
- 6. L’insociable sociabilité des hommes
- 7. Holisme et individualisme : la problématique de la contrainte
SOCIÉTÉ (notions de base)
De la promesse comme fondement de la vie sociale
Égoïste ou non, notre société ne saurait fonctionner et se maintenir sans confiance entre les acteurs économiques. Il revient à Friedrich Nietzsche (1844-1900) d’avoir compris l’importance de la promesse dans la vie économique. Pour lui, ce sont les rapports commerciaux qui sont à l’origine de la capacité de promettre et de tenir sa promesse. En effet, pour pouvoir fonctionner, la société a besoin de remplacer des êtres variables et en constante mutation par des êtres fixes et fiables garantissant les échanges. La Généalogie de la morale (1887) consacre de longs développements à cette thématique originale. « Le débiteur, pour inspirer confiance en sa promesse de remboursement [...] s’engage [...], pour le cas où il ne paierait pas, à indemniser le créancier par quelque chose d’autre qu’il “possède” encore, qu’il a encore en sa puissance, par exemple son corps, sa femme, sa liberté, voire sa vie. » Derrière le caractère policé et paisible de ce que Montesquieu (1689-1755) qualifiait de « doux commerce », convaincu qu’il était avec les penseurs libéraux que l’activité commerciale pacifie la société et civilise les individus, Nietzsche détecte une grande violence dans les relations économiques. Il a fallu transformer des individus différents et incontrôlables en êtres réguliers, il a fallu « rendre l’homme jusqu’à un certain point uniforme, égal parmi les égaux, régulier, et par conséquent calculable » (Généalogie de la morale). Une grande « cruauté » accompagne l’histoire des sociétés humaines.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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