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SOHRAWARDĪ ou SUHRAWARDĪ SHIHĀBODDĪN YAHYĀ (1155-1191)

Les œuvres

Sohrawardī est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages qui se répartissent en trois ensembles : tout d'abord, ce que l'on pourrait appeler les Sommes, ou grands traités dogmatiques : Le Livre des élucidations inspirées de la table et du trône, Le Livre des carrefours et entretiens, Le Livre des résistances. La partie métaphysique de chacun d'entre eux a été publiée par Henry Corbin, et ils contiennent aussi, respectivement, une logique et une physique. Cette structure péripatéticienne témoigne de ce que la pensée qui s'exprime là n'est pas tout à fait celle qui se déploiera dans l'œuvre mystique proprement dite. Ce n'est pas dire, cependant, qu'il s'agisse d'une autre philosophie, étrangère en ses fins et ses moyens à celle de l'ishrāq. Pour son auteur, en effet, le savoir rationnel prépare à l'expérience visionnaire ; s'il faut critiquer les péripatéticiens pour avoir refusé l'accès aux lumières intelligibles séparées de la matière, pour avoir négligé la dimension salvifique de l' illumination de l' intellect agent sur l'intellect humain, il faut considérer, par contre, Aristote comme un disciple fidèle de Platon. Sohrawardī pense que la même religion intérieure s'est maintenue, de cycle en cycle, depuis Hermès et Agathodaīmōn, jusqu'aux sages de l'ancien Iran, et que Socrate, Platon et même Aristote en ont été les transmetteurs fidèles. Chaque nation, en son temps, reçoit ainsi la gnose, ce qui explique que la philosophie grecque puise à la même niche aux lumières de la Prophétie, que la spiritualité des religions reconnues par le Qorān. Au vrai, l'Aristote élu par Sohrawardī est celui de la fameuse Théologie, qui, on le sait, est une refonte de textes de Plotin. Les savoirs démonstratifs ouvrent la voie à l'expérience mystique, en éclairant l'esprit sur la structure des mondes spirituels, sur la nature de l'être ou encore sur l'essence de l'âme humaine. Ils garantissent le visionnaire des excès que sont le littéralisme ou le corporalisme, d'une part, l'agnosticisme, d'autre part. Dans la mesure où Dieu est inaccessible dans son essence, il ne nous est permis d'espérer que d'accéder à ses manifestations, à ses émanations. Les mondes angéliques doivent donc être reconnus par le savoir rationnel pour ensuite être identifiés, face à face, dans une révélation où l'âme découvre, dans l' archange auquel elle s'unit, son alter ego. Le savoir philosophique reçoit alors de la présence lumineuse immédiate la certitude apodictique dont il a, lui-même, besoin. Il n'y a pas pour le sage de contradiction entre saisie directe de l'intelligible et syllogismes, mais plutôt un passage, qui ressemble à celui que Spinoza enseigne, de la connaissance du « deuxième genre » à l'amour intellectuel de Dieu.

C'est ainsi que la physique fait partie intégrante de la quête illuminative. Elle est, certes, exposition des causes, exploration des espèces et des genres. Mais elle cesse de croire à l'existence de substances composées. Pour Sohrawardī, il est impossible d'admettre la physique d'Aristote sans la réformer, puisque nulle union ne peut, selon lui, exister entre une forme lumineuse et la matière ténébreuse. La physique conduit donc à sa propre subversion ; elle enseigne que le monde sensible est la rencontre de multiples reflets des lumières suprasensibles et des miroirs sans nombre que constituent les composés élémentaires. Elle devient un exercice spirituel, un apprentissage du regard intérieur qui, progressivement, métamorphose l'univers des corps en un théâtre des théurgies angéliques.

Le deuxième ensemble des écrits sohrawardiens est composé des traités et récits mystiques, rédigés en arabe[...]

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  • AVICENNE, arabe IBN SĪNĀ (980-1037)

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    • 1 média
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