SOIF
La soif est un état d'éveil spécifique du système nerveux central, associé à une perception subjectivement discriminée chez l'homme. Induite par un déficit hydrominéral de l'organisme, elle conduit l'animal à boire un volume de liquide approprié à la correction du déséquilibre. Ce déséquilibre, rapidement fatal s'il n'est corrigé par un apport oral de boisson, tend constamment à s'établir en raison des pertes de l'eau corporelle. Ces pertes sont dues à l' excrétion rénale et au rôle qu'y joue l'eau dans l'excrétion de solutés tels que l'urée, à l'évaporation pulmonaire, à la perspiration insensible cutanée et surtout à la sudation dans laquelle l'eau, en ambiance chaude et durant le travail musculaire, est nécessaire au refroidissement du moteur corporel et à l'homéothermie. Cette eau corporelle, qui constitue, à l'équilibre, environ 70 p. 100 du poids, est répartie en deux compartiments semi-communicants : les compartiments extracellulaire et intracellulaire. L'hémiperméabilité des membranes cellulaires aux ions K+ et Na+ est responsable, par suite d'un équilibre des pressions osmotiques, d'une répartition fixe de l'eau dans les deux compartiments. Une baisse ou une élévation relatives de la pression osmotique dans l'un ou l'autre des deux compartiments entraîne, par un déséquilibre de distribution, un déficit limité à l'un des compartiments. Ce déficit, associé ou non à un déficit total de l'eau corporelle, requiert, pour sa correction rapide, la consommation orale d'eau ou de chlorure de sodium (NaCl). L'alimentation solide, par la surcharge osmotique importante qu'elle introduit, est l'une des causes de ce déséquilibre de distribution exigeant la boisson.
La régulation neuroendocrinienne de l'excrétion rénale de l'eau et des électrolytes contribue passagèrement à la correction de ces déficits totaux ou partiels de l'eau corporelle. Elle influence la régulation principale assurée par la soif et le comportement d'ingestion de liquides, et elle est influencée par elle. Des travaux expérimentaux relativement récents ont permis de montrer que la soif est éveillée par l'action sur le système nerveux central de stimuli humoraux de deux natures différentes : la déshydratation cellulaire, due à l'élévation de pression osmotique relative du plasma, et l' hypovolémie, constituée par une diminution du contenu en eau, quelle qu'en soit la cause, du compartiment extracellulaire. Le premier de ces stimuli internes est à l'origine d'une soif osmotique, le second, de la soif hypovolémique ou extracellulaire. La nature exacte de ces stimuli humoraux, leurs seuils d'action, mécanismes et sites de détection dans le système nerveux central sont actuellement élucidés ou soupçonnés. Ils dirigent des réponses comportementales d'acceptation et de consommation relatives d'eau et de solutions de NaCl, adaptées à la correction des déficits dont ils sont le reflet. Les mécanismes de cette « conduite » adaptée du comportement, et en particulier de la désaltération ou satiété hydrique, font intervenir au niveau de la bouche et de l'estomac l'activité sensorielle des liquides bus.
La soif et la réponse dipsique : description
Une série de symptômes manifestent la soif. Bien que très influencé, comme on le verra, par la prise d'aliments, cet état est néanmoins spécifique et distinct de la faim. Il est éveillé pas des stimuli internes différents. Pour déclencher, soutenir et rassasier le comportement d'ingestion, il rend actifs ou « récompensants » des stimuli externes spécifiques différents de ceux qui sont promus par la faim. Privé d'eau, l'animal d'expérience apprend en effet à s'en procurer, par exemple par pression sur un levier[...]
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Écrit par
- Jacques LE MAGNEN : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de laboratoire à l'École pratique des hautes études
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Médias
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L'ingestion d'eau s'installe principalement lorsqu'il y a augmentation de la pression osmotique des liquides de l'organisme ; elle est précédée par la sensation subjective de soif. L'intervention de l'hypothalamus dans ce comportement est suggérée par les arguments suivants :