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SOIGNER LA VIRILITÉ. UNE HISTOIRE DE LA SANTÉ MASCULINE (C. Bajeux)

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La médecine du couple

La virilité est clairement le cœur de cible des publicitaires. Entre charlatans et dispensaires antivénériens, Camille Bajeux dresse un tableau de médecines parallèles, qui traduit bien le relatif secret qui entoure ces maladies, la difficulté à se confier à un médecin ainsi que la faible efficacité des traitements proposés. C’est précisément la médecine de la sexualité masculine, et tout particulièrement l’impuissance, qui est traitée dans la troisième partie. L’auteure y développe un aspect peu étudié de la médicalisation de la sexualité, à savoir l’importance de la relation que le médecin entretient avec le consultant, et insiste sur la connivence entre hommes – les médecins sont surtout des hommes dans l’entre-deux-guerres – qui contribue au secret et surtout à la tentation de rejeter sur la partenaire les difficultés rencontrées. C’est ce à quoi s’attaque la dernière partie de l’ouvrage : la médecine du couple. Surtout après la Seconde Guerre mondiale, maîtrise de la reproduction et intérêt public pour la sexualité aidant, les difficultés sexuelles masculines et la stérilité trouvent leur place dans la médecine du couple qui prend son essor. La demande de prise en charge de la stérilité et des problèmes masculins, et de ceux qui surviennent dans le couple, est alors surtout féminine et relève, dans un premier temps, du domaine des services de gynécologie, en même temps que se développent des structures médicales associatives dévolues au couple.

L’ouvrage s’arrête au moment où des tentatives de regroupement des maladies des hommes cherchent à fonder une andrologie moderne, au début des années 1970. La suite manque, mais comme cela a été remarqué, l’andrologie n’a pas encore trouvé son véritable chemin. On en comprend désormais bien les raisons historiques. On peut ajouter que la lecture du livre de Camille Bajeux suggère l’existence d’une autre histoire à l’intérieur de celle de la santé masculine : celle des peurs successives associées aux maladies et aux symptômes masculins. Elles sont bien connues, diverses, et se manifestent dans des contextes différents : peur de l’impuissance, des effets terrifiants de l’onanisme, des maladies vénériennes, etc. L’auteure les met bien en évidence, et on peut se demander si ces peurs ne sont précisément pas à l’origine de la difficulté d’une prise en charge unifiée des problèmes manifestés par une virilité fragile.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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