SOLEIL ET SANTÉ
Que faire ?
Dans l'immédiat, c'est des campagnes d'information de la population que l'on attend les résultats les plus tangibles, l'expérience australienne ayant révélé qu'elles peuvent être efficaces. Toutefois, les différentes enquêtes menées par les laboratoires Sanofi (1992, 1995 et 1996) révèlent, comme dans d'autres domaines où la prévention est essentielle (sida, tabagisme), que l'évolution des comportements ne suit que de loin celle des connaissances. Ainsi, bien que les Français connaissent apparemment mieux que les Britanniques et les Espagnols les dangers du soleil, près de la moitié d'entre eux continuent de s'exposer sans aucune protection et plus d'une personne sur deux reconnaît ne pas avoir du tout modifié son comportement ces dernières années. Par ailleurs, on conserve souvent de fausses idées, en continuant, par exemple, de croire que crèmes autobronzantes et baignades répétées protègent des rayons solaires.
Espérons néanmoins que la connaissance du rôle nocif des coups de soleil dans l'enfance débouche sur une diminution à terme du nombre de mélanomes, grâce à une protection des jeunes enfants par des moyens simples : port de lunettes, de chapeaux et de tee-shirts (dont un modèle anti-U.V. a été commercialisé en France au printemps de 1998 par la société Clayeux), éviction solaire entre 12 et 16 heures, emploi de produits antisolaires de haut indice anti-U.V.A. et anti-U.V.B. Cependant, si les crèmes commercialisées aujourd'hui sont effectivement actives contre les U.V.B., l'indice de protection contre les U.V.A. est difficile à mesurer en pratique. On ne sait pas, de toute façon, s'il témoigne d'une photoprotection efficace contre les effets à long terme des U.V.A. que constituent les cancers et le vieillissement cutané.
Différentes mesures gouvernementales ont été prises en 1997 pour contrôler la formation des professionnels et les appareils de bronzage U.V. Elles ne sont toutefois pas suffisantes pour assurer une bonne protection et la vigilance s'impose aux adeptes des cabines de bronzage. Rappelons à ce propos que les U.V.A. artificiels ne se contentent pas d'accélérer le vieillissement de la peau, d'induire des lésions oculaires, et probablement d'accroître le risque de mélanome ; leurs effets, s'ajoutant à celui des U.V.B. naturels, peuvent provoquer l'apparition de brûlures après une courte exposition au soleil.
Quant à la puvathérapie et à la photothérapie U.V.B., les dangers qu'elles font encourir sont encore mal appréciés. Des études réalisées chez des sujets atteints de psoriasis (R. S. Stern, 1997) peuvent laisser penser que les risques carcinogènes de la puvathérapie ont longtemps été sous-estimés (augmentation des épithéliomas et probablement dans une moindre mesure des mélanomes). Il semble donc prudent de limiter le nombre de séances réalisées au cours d'une vie (moins de 200 d'après les dermatologues européens), de ne pas ou de peu employer cette technique chez les sujets présentant des antécédents familiaux de tumeurs pigmentaires, et de la réserver, ainsi que le font les dermatologues, aux affections cutanées chroniques les plus difficiles à traiter. En revanche, la photothérapie, qui permet de traiter les nouveau-nés ictériques, ne présente, dans les conditions actuelles d'utilisation, pas de risque important, ainsi que vient de le suggérer une étude (P. Berg et B. Lindelof, 1997).
Que conclure ? Que le soleil, s'il est bon pour le moral ou pour le métabolisme osseux, l'est moins pour notre enveloppe charnelle. Nos ancêtres le savaient probablement déjà, d'où leurs réticences à se soumettre à l'action des rayonnements solaires. En matière d'exposition solaire, la règle est à la modération. Ni trop, ni trop peu, telle est la devise.[...]
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Écrit par
- Florence COURTEAUX : docteur en médecine
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