SOLS Dégradation des sols
Pour une gestion durable des sols ?
Que faire, avant qu'il ne soit trop tard, pour une gestion durable des sols ? Telle est la question dont devaient s'emparer les responsables politiques et les décideurs après le rapport du programme GLASOD, dont l'un des objectifs était justement de les informer sur l'état des sols et sur leur nécessaire protection.
En France, mais aussi à l'échelle de l'Europe, on ne reconnaît que tardivement la nécessité d'assurer la protection des sols afin de permettre le développement durable des sociétés. Rappelons que les toutes premières mesures pour la protection des sols ont vu le jour aux États-Unis, en 1938, avec le Soil Protection Act qui a créé le Soil Conservation Service (aujourd'hui Natural Resources Conservation Service), service du ministère de l'Agriculture dont la mission était d'empêcher que la très grave crise écologique du Dust Bowl ne se reproduise. En effet, dans les années 1930, une érosion éolienne de très grande ampleur s'est traduite par de gigantesques tempêtes et nuages de poussières (Dust Bowl) qui ont provoqué la faillite et l'exode de plus de trois millions de fermiers du Middle West, cœur agricole des États-Unis.
En Europe, c'est en 1972 qu'une résolution invite les États membres à mettre en place une politique de conservation des sols. Mais durant trente ans, contrairement aux initiatives communautaires prises pour protéger l'eau et l'air, rien n'a été fait à ce sujet. Si l'eau et l'air sont considérés comme des biens collectifs, ce n'est pas le cas pour le sol. Ce qui explique peut-être la difficulté d'en acquérir une vision politique : en effet, il est plus courant de penser que c'est au propriétaire du sol ou à son utilisateur de veiller à son entretien... que de considérer le sol comme un écosystème, un patrimoine collectif. En 2002, une communication de la Commission européenne, intitulée Vers une stratégie thématique pour la protection des sols, reprend les messages de 1972 : elle propose des mesures destinées à protéger les sols et à préserver leur capacité à remplir leurs fonctions écologiques, économiques, sociales et culturelles. Elle comprend l'établissement d'un cadre législatif permettant de protéger et d'utiliser les sols de manière durable, l'intégration de la protection des sols dans les politiques nationales et communautaires, le renforcement de la base de connaissances ainsi que l'accroissement de la sensibilisation du public. Cette stratégie permet la reconnaissance politique du problème de la nécessaire protection des sols et sert de point de départ à une réflexion qui aboutira, en septembre 2006, à la proposition d'un projet de directive cadre pour la protection des sols.
Adopté par le Parlement européen en novembre 2007, ce projet de directive-cadre est un élément majeur de la stratégie qui permettra, dans un cadre commun aux vingt-sept États membres, de prendre des mesures adaptées aux réalités locales, visant à identifier les problèmes, à prévenir la dégradation des sols et à remettre en état les sols pollués ou dégradés. Son adoption relève désormais de la co-décision du Parlement et du Conseil européens.
Afin que tous deviennent conscients de la valeur des sols et des services qu'ils rendent à la société, il est prévu dans la stratégie européenne de développer des programmes de sensibilisation et d'éducation à cette ressource naturelle qui, lentement renouvelable à l'échelle des sociétés, est de plus en plus ignorée par une population devenue majoritairement urbaine. On se rend compte qu'au-delà de l'Europe c'est au niveau mondial que la sensibilisation au sol gagnerait à se développer pour le bien des sols et des hommes.
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Écrit par
- Mireille DOSSO : professeur de science du sol à l'Institut des régions chaudes, Montpellier SupAgro
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