SOMALIE
Nom officiel | Somalie (SO) 1
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Chef de l'État | Hassan Cheikh Mohamoud (depuis le 23 mai 2022) 2
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Chef du gouvernement | Hamza Abdi Barre (depuis le 25 juin 2022) |
Capitale | Mogadiscio ou Muqdisho |
Langues officielles | Arabe, somali |
Unité monétaire | Shilling de Somalie (SOS) |
Population (estim.) |
20 300 000 (2024) |
Superficie |
637 657 km²
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La Somalie depuis l'indépendance
Les premières années de l'indépendance, 1960-1969
À peine indépendantes, les deux Somalie fusionnent, le 1er juillet 1960, pour former la République unie de Somalie. Cet État adopte un régime parlementaire, dont la Constitution est approuvée par référendum en juin 1961, bien que les électeurs du Nord se soient prononcés contre. Ils sont moitié moins nombreux (600 000 habitants) que ceux du Sud (1 300 000 habitants), et se sentent donc marginalisés. En outre, tout acte administratif ou juridique se heurte à l'incompatibilité de cultures politiques issues d'expériences coloniales différentes. Pour dépasser ces obstacles, le seul projet mobilisateur est l'union de la Grande Somalie. Cet irrédentisme crée des tensions avec l'Éthiopie et le Kenya, et il place la Somalie en porte à faux avec la communauté internationale qui prône l'intangibilité des frontières coloniales.
Les premières élections parlementaires multipartites se tiennent en mars 1964. Plus de soixante partis représentent les intérêts des divers clans. Mais la SYL est la seule formation d'envergure nationale qui, une fois élue, se comporte en parti unique. En contradiction avec le mot d'ordre officiel d'abolir le tribalisme, elle distribue les charges ministérielles et administratives entre les clans. Ce système génère une corruption massive, des crises gouvernementales à répétition et une perte de confiance de la société civile envers l'État perçu comme parasitaire. Les Somaliens tendent alors à se replier sur les formes traditionnelles de solidarité.
La dictature militaire de Mohamed Siyad Barre (1969-1977)
À la fin d'octobre 1969, l'expérience de démocratie parlementaire somalienne s'effondre à la suite de l'assassinat du président Abdirashid Ali Shermarke, et de la prise de Mogadiscio par l'armée. Un Conseil de la révolution est instauré, il fait table rase des institutions républicaines, déclare les partis illégaux et emprisonne les plus hauts dignitaires. L'homme fort du nouveau régime est le général Mohamed Siyad Barre. Issu du clan Darod-Marehan, lié aux Darod-Ogaden par sa mère, il est né du côté éthiopien de la frontière en 1919, a fait sa carrière sous l'administration italienne provisoire. À l'indépendance, il devient commandant en chef de l'armée et se rapproche de l'URSS.
Après un an de stabilisation, grâce à des mesures populaires de lutte contre la corruption, le nouveau pouvoir adopte le socialisme, permettant ainsi au bloc communiste d'occuper une place de choix face à l'Éthiopie sous protection américaine. La dictature combat l'ordre traditionnel, encourage la scolarisation et la participation politique des femmes, favorise les groupes de statut inférieur, prône la laïcité en réprimant les mouvements islamistes. Sa principale cible est le « tribalisme », c'est-à-dire l'ordre clanique. La peine capitale est ainsi instituée pour mettre fin aux cycles de vengeance liés au « prix du sang ». Cependant, la dictature continue de répartir les responsabilités selon les appartenances claniques. Les groupes Darod du centre imposent ainsi leur suprématie au détriment des Darod-Majeerteen du nord qui dominaient auparavant. Cette distribution clanique du pouvoir s'accentuera jusqu'à se fermer sur le cercle des parents proches du chef de l'État. Siyad Barre développe également un culte de la personnalité empruntant au modèle nord-coréen.
Les réformes les plus significatives sont prises sur le terrain linguistique. En 1972, le somali est imposé comme langue officielle. Cette mesure réduit deux fractures à l'échelle nationale, d'une part au sein de l'élite, divisée entre les anglophones et les italophones, et, d'autre part, entre l'élite et la grande majorité de la société qui ne parle[...]
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Écrit par
- Éloi FICQUET : maître de conférences en anthropologie et en histoire au Centre d'études africaines, École des hautes études en sciences sociales
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Francis SIMONIS : maître de conférences d'histoire de l'Afrique, habilité à diriger des recherches, université d'Aix-Marseille
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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SOMALIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
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AVORTEMENT
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Thomas HOCHMANN , Muriel ROUYER et Odette THIBAULT
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