SOMME DE LOGIQUE, Guillaume d'Ockham Fiche de lecture
Si les écrits de Guillaume d’Ockham (1287 env.-1347) couvrent tous les champs de la philosophie et de la théologie, la logique tient dans son œuvre une place centrale. La logique est un instrument sans lequel aucune science ne peut être connue. Elle est présentée comme la discipline qui a pour fonction de discerner le vrai du faux, mais son champ est beaucoup plus large.
Écrite à Londres en 1323,la Somme de logique est divisée en quatre parties. La première traite des « termes », constituants élémentaires des propositions et de leurs propriétés sémantiques. La deuxième concerne les différentes sortes de propositions, leurs conditions de vérité et les conversions entre propositions. La troisième étudie les différents arguments et comprend elle-même quatre traités : la théorie du syllogisme en général, la théorie de la démonstration, la théorie des conséquences (ou inférences) et la théorie des fallacies (ou raisonnements trompeurs). S’il existait déjà un certain nombre de sommes de ce type, le degré d’élaboration de celle-ci est sans précédent ; sa systématicité et ses innovations en de nombreux domaines (sémantique, topiques, logique modale…) expliquent son succès.
La logique ainsi entendue a une valeur propédeutique – puisqu’elle est requise pour savoir argumenter et répondre dans les débats –, une fonction critique – puisqu’elle permet de repérer et réfuter les arguments fallacieux – et une fonction constructive dans l’élaboration des autres sciences.
Du signe au langage mental
La Somme de logique commence par une brève théorie des signes et donne une définition générale qui vaut pour tout signe (image, vestige, etc.) : le signe est ce qui, une fois appréhendé, fait venir à l’esprit quelque chose d’autre. Les signes qui intéressent le logicien sont le mot parlé, le mot écrit et le concept ou signe mental. Car, pour Ockham, le concept n’est pas l’objet signifié par les mots mais est lui-même un type de signe, et tous ces signes renvoient (du moins primitivement) aux choses extérieures à l’esprit.
Le domaine de la pensée est alors analysé comme un ensemble de propositions mentales qui possèdent une organisation syntaxique et dont les éléments sont dotés de propriétés sémantiques. Le langage mental est universel, par-delà la particularité des langues parlées. C’est la proposition mentale qui permet de juger de la valeur de vérité et de la rigueur argumentative de n’importe quelle expression orale.
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Écrit par
- Joël BIARD : professeur émérite des Universités
Classification
Média
Autres références
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OCKHAM GUILLAUME D' (1287 env.-1347)
- Écrit par Maurice de GANDILLAC et Jeannine QUILLET
- 6 678 mots
- 1 média
...épistémologique qui marque l'avènement des Temps modernes. Du Commentaire des Sentences aux gloses sur la Physique et la Métaphysique, des Quodlibets à la Somme de logique, on voit partout à l'œuvre deux principes : l'un qu'on a déjà signalé et qui vient du scotisme – le thème de la « puissance absolue »,...