JOHANNESBURG SOMMET DE (26 août-4 sept. 2002)
Du 26 août au 4 septembre 2002 s'est tenu, à Johannesburg (Afrique du Sud), le Sommet mondial pour le développement durable, encore appelé Rio + 10 ou Sommet de la Terre 2002. Dix ans après le Sommet de la Terre de Rio, qui proclamait la prise de conscience par la communauté internationale de la vulnérabilité de notre planète face à son exploitation irresponsable, la notion de développement durable s'est-elle vraiment affirmée comme la solution aux excès de la croissance économique et aux problèmes de la planète ?
Tout d'abord, la décennie séparant les sommets de Rio et de Johannesburg a surtout été une période de frustrations. La préparation du Sommet 2002 s'est avérée médiocre. La conférence de l'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.) de Doha (9-14 novembre 2001), au Qatar, a surtout réaffirmé les bienfaits des principes de l'économie libérale et du commerce international ; celle des Nations unies de Monterrey (18-22 mars 2002), au Mexique, n'a pas débattu du type de développement à financer, ni du besoin d'un nouveau développement, ni d'ailleurs du bien-fondé de la dette des pays du Sud. Aucune des conférences préparatoires n'avait éclairci les moyens de la mise en place d'un développement durable : ni définitions concrètes, ni calendrier d'application, ni modes de financement.
Le débat sur les droits de propriété de la biodiversité, qui devait constituer l'un des points du Sommet de Johannesburg, a été transféré de fait à l'O.M.C. par la volonté des firmes industrielles et sans redistribution réelle pour les communautés indigènes. Concernant le climat et les puits de carbone, ce sont les entreprises des pays du Nord, responsables de la mauvaise gestion des ressources, gros consommateurs et pollueurs, qui ont bénéficié des avantages fiscaux et des subventions pour la reconversion de leurs systèmes énergétiques. L'éradication de la pauvreté a alors été érigée en objectif majeur et ainsi le rapport initialement demandé au G.I.E.C. sur le thème « Changement climatique et développement durable » a été réorienté sur celui de « Changement climatique et pauvreté ».
Dans leur incapacité d'engagements précis, les pays riches ont délégué à leurs entreprises la mise en œuvre du développement durable dans les pays du Sud en s'appuyant sur des segments de leurs sociétés civiles (principalement les organisations non gouvernementales). Ces initiatives sont dites de type II, pour les distinguer des initiatives (de type I) prises à Rio et qui engageaient directement les États.
Le Sommet de Johannesburg a donc provoqué une profonde déception après les immenses espoirs nés en 1992. Le plan d'action, voté à l'arraché, est loin d'atteindre les objectifs visés qui devaient traduire en actes (apport de financements, calendriers précis) les intentions de Rio. La principale donnée chiffrée des 152 points abordés dans ce plan concerne la réduction de moitié, d'ici à 2015, du nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable.
Loin d'inventer de nouveaux modes de co-évolution de systèmes sociaux et écologiques visant la solidarité planétaire, le Sommet de Johannesburg a entretenu le mythe d'une croissance indéfinie sur une planète aux ressources limitées.
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Écrit par
- Jean-Paul DELÉAGE : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans
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