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SONATE

Constitution d'une forme musicale

La naissance de la forme dite sonate se fit, au cours du xviiie siècle, progressivement, et en profitant de l'apport de nombreux musiciens, parmi lesquels on peut citer Pergolèse, Haendel et Jean-Sébastien Bach, les fils de Bach, Pietro Antonio Locatelli, Franz Xaver Richter, les musiciens de l'école de Mannheim, Johann Stamitz, Luigi Boccherini, Muzio Clementi, et, enfin, Haydn et Mozart. Il serait vain de croire, toutefois, que la fixation de cette forme ait pu obéir à un véritable plan concerté. Il est beaucoup plus raisonnable d'y voir une sorte d'évolution naturelle, une logique de l'histoire musicale, dont le résultat devait, plus ou moins fatalement, aboutir à la forme que nous connaissons, fondée sur un heureux équilibre entre l'unité qui est assurée par le schème formel et la variété qui est garantie par le bithématisme. Sans qu'il soit possible d'analyser minutieusement le mécanisme de cette évolution, on peut cependant retrouver l'origine des divers courants convergents qui aboutissent à ce qui, maintenant, est définitivement fixé dans notre esprit par les principaux chefs-d'œuvre des plus grands maîtres.

Il est d'abord certain que, commençant avec la musique purement instrumentale, la notion de sonate est liée à la notion de musique pure, c'est-à-dire celle qui se passe de toute référence extramusicale et, a fortiori, de la référence littéraire imposée par le texte dans la musique vocale. Ensuite, l' ouverture ayant été, dans l'opéra et le drame musical, le seul moment de musique uniquement instrumentale et, à ce titre, ayant eu sa forme fixée, il est vraisemblable que l'alternance des mouvements vif-lent-vif lui soit empruntée, par l'intermédiaire de l'ouverture dite à l'italienne ; car l'ouverture à la française était fondée sur l'enchaînement lent-vif-lent. C'est d'ailleurs souvent par un mouvement lent que commençaient les suites, desquelles la sonate garde la division en plusieurs mouvements. Mais, alors que les suites et partitas étaient composées d'un grand nombre de pièces différentes, une simplification se produit, tendant à limiter ce nombre des mouvements à trois. Par ailleurs, une codification s'introduit, définissant le mode de construction de chacun des mouvements et tout particulièrement du premier, les deux suivants pouvant être écrits d'une manière beaucoup plus libre. Lorsque la forme sonate est ainsi constituée, il apparaît qu'elle s'adapte tellement bien à la pensée musicale occidentale que, quelle que soit la forme instrumentale choisie, la construction de l'œuvre s'en trouve toujours imprégnée. C'est ainsi que, la symphonie devenant une sonate pour orchestre, le concerto devient lui aussi une sonate pour un instrument soliste accompagné par l'orchestre, et que les multiples formes de musique de chambre (trio, quatuor, quintette, sextette, etc.) sont pratiquement toujours des formes sonate. Mais, après une phase de codification aboutissant à ce que nous avons appelé la sonate d'école et dont la structure sera décrite plus bas, commence immédiatement, avec Haydn et Mozart, une longue période d'évolution et d'adaptation. Pour Beethoven, la sonate est devenue une forme à la fois rigoureuse et libre. Il pourrait sembler, après l'extraordinaire variété de ses trente-deux sonates pour piano et de ses dix-sept quatuors (sans compter les pièces qu'il écrivit pour deux instruments, les trios et les symphonies), que la forme eût pu être épuisée, ainsi que cela s'était produit dans le cas de la fugue après Bach. En réalité, la prodigieuse imagination de ce grand musicien, au lieu d'épuiser la sonate, y avait introduit une très grande potentialité d'adaptation, de variété et de renouvellement, de[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

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