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SONATE

La sonate dite d'école

La sonate dite d'école est la représentation d'un schème formel issu des premières œuvres construites en plusieurs mouvements, et dont le premier était fondé sur l'opposition de deux thèmes, telles qu'elles avaient été écrites par les précurseurs du genre, c'est-à-dire les fils de Bach (et, tout particulièrement, Johann Christian et Carl Philipp Emanuel) et les musiciens de l'école de Mannheim. On considérera ici la forme la plus académique, c'est-à-dire la sonate en trois mouvements, le quatrième – un menuet ou un scherzo – s'intercalant entre le mouvement lent et le final, obéissant (lorsqu'il existe) à des règles suffisamment strictes et suffisamment connues pour être ici négligées. En fait, c'est surtout le premier mouvement (généralement un allegro) qui est caractéristique de la forme sonate. L'importance de ce premier mouvement est telle que, dans toutes les tentatives de rénovation de la forme sonate qui ont été faites, et, notamment, dans la fameuse sonate de Liszt, on peut admettre que l'essentiel des efforts du compositeur a consisté à essayer de faire participer l'ensemble des mouvements de la construction du premier.

Ce premier mouvement (un mouvement vif) est donc construit à partir de deux thèmes. Le plan général, très simplifié, peut être décrit de la manière suivante : 1o exposition du premier thème, dans la tonalité principale ; 2o transition entre le premier et le second thème, aboutissant à un repos sur la dominante du ton principal ; 3o exposition du second thème ; 4o développements divers, soit sur le premier thème, soit sur le second, soit encore sur la transition, utilisant des modulations passagères, généralement dans des tonalités voisines de celles du premier thème ; 5o coda destinée à terminer ce que l'on convient d'appeler une première reprise.

Habituellement, ces cinq parties devaient être jouées deux fois, d'où le nom de première reprise. Cette répétition avait pour but de rendre clairement perceptible à la conscience de l'auditeur l'ensemble des matériaux constitutifs du premier mouvement de la sonate, et, principalement, les deux thèmes.

La seconde reprise était ainsi constituée : 6o  développement du premier thème utilisant, au besoin, des modulations dans des tonalités éloignées ; 7o retour du premier thème ; 8o courte reprise de la transition ; 9o reprise du second thème (mais, si sa première exposition avait été dans le ton de la dominante, cette reprise devait être dans celui de la tonique, et, réciproquement, la reprise devait être dans le ton de la dominante si la première exposition était dans le ton de la tonique) ; 10o développement sur l'une ou plusieurs des parties caractéristiques précédentes ; 11o coda.

Le deuxième mouvement (un mouvement lent) n'obéit pas à des règles aussi strictes. Toutefois, sans que l'ordre et la nature des épisodes soient aussi rigoureusement codifiés, on se trouve, en ce qui le concerne, en face d'une forme également traditionnelle qui est celle de l'aria da capo, ou du lied, c'est-à-dire de la forme dite ABA, parce que, après une partie centrale tout à fait libre, la première partie est reprise pour aboutir à la coda.

Quant au troisième mouvement, qui, lui aussi, est un allegro ou un presto, traditionnellement plus vif et plus brillant que le premier, la coutume est d'adopter, pour lui, la forme rondo, c'est-à-dire une alternance d'un motif principal, repris comme un refrain entre des divertissements ou des développements. Il ne manque cependant pas d'exemples, et notamment chez Haydn et Mozart, dans lesquels on constate pour le final de la sonate l'utilisation non plus du rondo, mais d'une structure analogue à celle du premier mouvement.

Telle qu'elle vient[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

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