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RYKIEL SONIA (1930-2016)

Sonia Rykiel - crédits : Lilian Birnbaum/ Bridgeman Images

Sonia Rykiel

Après avoir proposé une mode féminine qui combine l'aisance, la désinvolture moderne et un « je ne sais quoi » de nostalgique, Sonia Rykiel s'est imposée comme l'interprète privilégiée de deux générations de femmes en quête de leur identité. Elle a instauré, à travers ses créations, plus qu'une mode, une véritable philosophie de l'existence, jalonnée d'interrogations et de prises de position sur la société, la place des femmes, la notion de bonheur, l'esthétique.

Sonia Rykiel naît le 25 mai 1930 à Paris, d’une mère polonaise et d’un père roumain. Elle est l’aînée des cinq filles que compte la famille. Marquée par une enfance plutôt austère, elle garde le souvenir des tenues pratiques et neutres que sa mère lui confectionnait : petites robes fourreaux, vêtements tricotés, aux tons sourds. Le confort l'emporte sur le souci esthétique, mais de ces tenues simples émane une élégance sobre, dégagée, insolite pour l'époque.

Les premières créations de Sonia Rykiel sont, outre les vêtements qu'elle exécute pour elle-même, des tricots et des robes pour femmes enceintes. C'est alors l'essor des boutiques qui offrent aux femmes « dans le vent » un nouvel assortiment de tenues, adaptées à l'évolution des mentalités : modernité, autonomie, dynamisme et sens des responsabilités sont les maîtres mots de la génération lorsque Sonia Rykiel présente en 1962 ses vêtements pratiques, efficaces, dans la boutique de son mari, Laura. En 1968, elle crée sa propre affaire. Ses robes en maille deviennent vite des classiques, en accord avec la vie quotidienne, car leur élégance n'est jamais tapageuse. Ses ensembles « coordonnés » correspondent aussi au besoin des femmes d'un libre jeu avec la mode, selon l'humeur : pull, cardigan ou polo, jupe, robe ou pantalon... Sonia Rykiel privilégie les décors géométriques, les rayures, les oppositions simples pour des vêtements de jersey qui épousent le corps comme un gant et accentuent la sveltesse, la fragilité. Claude Berthot (Elle) parlera à juste titre à son propos d'un « jersey nommé désir ».

Lorsqu'en 1973 la Chambre syndicale de la couture parisienne, incitée par le développement du prêt-à-porter de création, reconnaît l'importance du phénomène et s'adjoint une fédération des créateurs de prêt-à-porter, Sonia Rykiel en est nommée vice-présidente. La mode des années 1970 prône le confort, l'égalitarisme, l'authenticité : c'est à ce titre que Rykiel compose en 1974 une collection de vêtements dont les coutures, apparentes, ont l'air d'avoir été « retournées », comme, à la même époque, le nouveau bâtiment du Centre Georges-Pompidou, à Beaubourg, exhibe ses structures, ses canalisations.

Dans l'autobiographie qu'elle publie, Et je la voudrais nue (1979), Sonia Rykiel proclame passionnément la splendeur du noir : « ma couleur drapeau, c'est le noir ». Elle explique : « On vous baise les mains, on s'écarte devant vous, femme devenue reine, enrobée de noir, envahie de noir, submergée de noir, avec le visage blanc de l'extase. » Sur le noir des robes, des pulls ou des ceintures, Sonia Rykiel inscrit des messages prometteurs en tricot, sequins ou paillettes : fatale, paris, le noir...

« Je change chaque fois tout et je ne change rien », admet Sonia Rykiel, qui reste fidèle à son style. Renouant constamment avec son passé, elle participe à l'ouvrage que lui consacre l'éditeur Herscher, Rykiel (1986), qui mêle photographies de défilés, souvenirs d'enfance et témoignages, et publie, en 1988, Célébration pour ses vingt ans de création.

À l’incitation de sa fille, Nathalie, Sonia Rykiel lance en 1984 une collection enfants, inspirée de ses partis pris de simplicité et d'aisance et, en 1990, une ligne[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

Classification

Média

Sonia Rykiel - crédits : Lilian Birnbaum/ Bridgeman Images

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