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SONINKÉ ou SARAKHOLÉ

Les Soninké (comme ils se nomment eux-mêmes : un Soninké, des Soninko), appelés Sarakholé (ou Sarakolé) par les Wolof, occupent une place exceptionnelle dans l'histoire de l'Afrique de l'Ouest. Considérés comme les fondateurs du premier des grands empires soudanais, le Ghāna, le fameux « pays de l'or », ils sont mentionnés dès le ixe siècle par l'historien et géographe arabe Al-Yaqubi. Longtemps dominés par les Mandingue, puis par les Toucouleur, les Soninké retrouvent, dans la seconde moitié du xixe siècle, une hégémonie dans la région du haut Sénégal, grâce à Samory, le dernier des grands bâtisseurs d'État de la période précoloniale.

Les Soninké constituent, sur le plan ethnique et linguistique, la branche du nord du groupe mandé. Le plus souvent mêlés à d'autres populations, ils sont pour la plupart localisés dans la haute vallée du Sénégal. Au Mali, ils constituaient, dans les années 1990, 9 p. 100 de la population, soit 700 000 personnes ; au Sénégal, (2 p. 100 de la population, 150 000) ; ils sont également présents dans le sud de la Mauritanie et au Burkina Faso, et leur population totale est estimée à un million de personnes au début du xxie siècle. Aux Soninké proprement dits, population à dominante agricole, on rattache souvent les Marka (ou Maraka) et certains groupes Dioula, deux populations plus étroitement spécialisées dans les activités commerciales.

Statuette soninké - crédits : ni Schneebeli,  Bridgeman Images

Statuette soninké

L'agriculture pratiquée par les Soninké présente, sur le plan technique, des aspects divers selon les régions : elle demeure, dans l'ensemble, rudimentaire et de type autarcique, le mil, le maïs, l'arachide et le riz constituant les principales cultures. L'élevage des bovins est pratiqué sur une échelle limitée, parfois avec le concours des pasteurs peul. La famille étendue constitue l'unité économique de base ; elle se caractérise par la coopération des hommes dans les tâches agricoles et par une division sexuelle très stricte du travail, la riziculture constituant notamment une activité exclusivement féminine. La détention et l'usage de la terre obéissent à un modèle fréquent dans l'Ouest africain : certains clans « maîtres de la terre » possèdent des prérogatives rituelles, au niveau du village ; l'aîné des villageois assurant périodiquement la répartition des terres du village entre les différents chefs de famille. Les habitations sont rectangulaires, forme héritée vraisemblablement d'influences nord-africaines. Dans la société soninké, clans et familles constituent des groupes de filiation patrilinéaires ; la résidence est patrilocale et la succession s'effectue en ligne paternelle. Il n'en a pas toujours été ainsi ; selon l'historien arabe Al-Bakri, la succession à l'office royal se faisait, au xie siècle, dans l'empire du Ghāna, en ligne maternelle. Le mariage est souvent polygynique et s'accompagne du versement d'une compensation matrimoniale — autrefois en esclaves et en cauris ; de nos jours en bétail et en numéraire. De leur splendeur passée, les Soninké ont hérité une stratification sociale poussée, combinant à la fois les systèmes de classes, de castes et de clans. Au xixe siècle, le travail agricole était essentiellement effectué par les esclaves : chaque famille de nobles et d'hommes libres possédait des « captifs de case », permettant de limiter la participation de leurs membres aux tâches productives. La production artisanale était assurée par les membres de castes inférieures ; les griots étaient répartis en deux castes. L'esclavage, qui n'a disparu que progressivement au début du xxe siècle, a laissé des traces, et les descendants d'esclaves continuent à occuper une situation de relative infériorité. Les Soninké fournissent un tribut important à l'émigration des [...]

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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Média

Statuette soninké - crédits : ni Schneebeli,  Bridgeman Images

Statuette soninké

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