HENIE SONJA (1912-1969)
Avant l'irruption de Sonja Henie sur la scène sportive, le patinage artistique féminin n'était qu'une danse sans âme ou une succession de figures convenues. Avec la Norvégienne, tout évolua, et ce sport allait dès lors connaître un engouement qui ne se démentirait plus. Elle osa patiner en jupe courte ; son registre se composait de sauts inédits et d'enchaînements artistiques, associés à un charme certain et à une pointe d'humour qui l'aida à conquérir les foules. En outre, elle fut la première à s'appuyer sur une chorégraphie inspirée de la danse – elle reçut les conseils des ballerines russes Tamara Karsavina et Anna Pavlova – pour exécuter son programme lors des compétitions. Les succès de Sonja Henie et son charisme ont donc permis peu à peu à cette discipline de sortir de l'anonymat : tout au long de sa carrière, vingt millions de spectateurs sont venus l'applaudir. On peut affirmer que les triomphes médiatiques que connaîtront des années plus tard des championnes comme Peggy Fleming, Katarina Witt, Tara Lipinski ou Sara Hughes sont en partie dus aux audaces et au talent de Sonja Henie.
Après sa carrière sportive, Sonja Henie réussit parfaitement sa reconversion, chose rare à l'époque, et devint une femme d'affaires avisée. Elle fut ainsi la première à monter des spectacles sur glace, lesquels triomphèrent aux États-Unis comme en Europe ; Hollywood tomba sous son charme et elle tourna dans une dizaine de films ; elle accumula une immense fortune, ce qui lui permit de se constituer, en compagnie de son troisième époux, l'armateur Niels Onstad, une magnifique collection de peinture.
Sonja Henie fut trois fois championne olympique (1928, 1932, 1936), dix fois championne du monde (de 1927 à 1936) et six fois championne d'Europe (de 1931 à 1936). Les statistiques indiquent qu'elle a glané 1 473 coupes, médailles et trophées au cours de sa carrière.
L'enfant prodige
Sonja Henie naît le 12 octobre 1912 à Kristiania (aujourd'hui Oslo), dans une famille aisée, son père ayant fait fortune dans le commerce de la fourrure. Enfant, elle suit des cours de danse et de patinage. C'est dans cette dernière discipline qu'elle excelle : à neuf ans, elle est championne de la ville d'Oslo ; à dix ans, elle est championne de Norvège.
En 1924, lors des Iers jeux Olympiques d'hiver, les spectateurs de Chamonix découvrent une curieuse gamine de onze ans, avec un visage de clown et un air de midinette en devenir, qui semble un peu perdue sur la glace. Il n'est pas encore question pour elle de songer au titre, qui revient à l'Autrichienne Herma Planck-Szabo. Une lourde chute lui vaut même de terminer à la dernière place de l'épreuve. Elle redouble alors de travail et ses progrès sont rapides. Elle étudie le ballet, inspirée par Tamara Karsavina et Anna Pavlova, multiplie les innovations : sauts et pirouettes font désormais partie de son répertoire, unique à l'époque. En 1927, à quatorze ans, elle remporte son premier titre de championne du monde.
Lors des jeux Olympiques de Saint-Moritz (1928), malgré son jeune âge – elle a quinze ans –, Sonja Henie est déjà une championne confirmée. Son style tout en grâce et en finesse et sa technique parfaite séduisent le public et convainquent les juges : elle est championne olympique, devant l'Autrichienne Fritzi Burger, qui sera durant plusieurs années sinon sa rivale, du moins sa dauphine. La presse s'enflamme pour cette jeune femme, qui est alors surnommée la « fée de la glace ».
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification
Média
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