SONS Bruit
Les effets du bruit : physiopathologie et clinique
L' effet de masque produit par des sons de basse fréquence suffisamment intenses sur les sons de fréquence plus élevée s'accompagne d'une gêne dans la localisation des bruits. Ainsi le bruit industriel, qui est en général riche en sons de basse fréquence, tend à masquer l'intelligibilité de la parole et à perturber l'orientation stéréophonique du travailleur, l'exposant ainsi au danger.
La fatigue auditive est une diminution passagère et réversible de l' audition consécutive à une stimulation sonore (fig. 2). Cette fatigue est due à une vasoconstriction ralentissant les processus métaboliques et provoquant une anoxie transitoire des organes récepteurs de l' oreille interne. La fatigue perstimulatoire apparaît au cours même de la stimulation sonore ; indépendante de l'intensité elle se confond avec l'adaptation, processus physiologique de protection de la cochlée (limaçon) de courte durée (une minute environ) qui porte sur la fréquence correspondant au stimulus et ne s'accompagne pas de recrutement. La fatigue auditive post-stimulatoire, plus durable, se situe à une demi-octave ou une octave au-dessus de la fréquence stimulante ; elle n'apparaît qu'à partir d'un stimulus de l'ordre de 60 décibels (dB) et se prolonge considérablement pour des bruits au-delà de 90 dB. Elle est plus forte pour un son pur et une fréquence élevée.
La fatigue auditive s'accompagne de bourdonnements, sifflements et tintements ainsi que de modifications de la sensation auditive qui prend un caractère ouaté ou métallique.
La fatigue auditive peut être appréciée à l'aide de divers tests audiométriques (Peyser, Wilson, Wheeler...) après action de sons purs ou de bruits blancs d'une intensité de 80 à 100 dB. La fatigue auditive, phénomène spécifique qui siège au niveau de l'oreille et du ganglion de Corti (premiers neurones de la voie auditive principale), doit être distinguée de la fatigue générale due au bruit, de nature non spécifique et qui tient à l'essaimage des influx hors des voies proprement auditives au niveau des troisième et quatrième neurones, vers des structures douées de fonctions végétatives ou émotionnelles.
La surdité professionnelle fait suite à des traumatismes auditifs prolongés qui provoquent des spasmes des fines ramifications de l'artère auditive interne. Il en résulte une hypoxie, des altérations du métabolisme et, finalement, une destruction des cellules sensorielles de la cochlée. L'action traumatique du bruit sur l'audition se fait insidieusement et lentement, et elle intervient surtout quand le processus physiologique de réparation consécutif à la fatigue se ralentit. L'intervalle entre l'intensité du son qui produit une fatigue prolongée de l'ouïe et une lésion est très étroit et variable selon les sujets. Le seuil critique moyen d'action traumatique du bruit se situe entre 80 et 90 dB. Dès le début du travail dans le bruit intense, la fatigue cause un déficit temporaire dans l'aigu qui peut atteindre 50 dB et qui se répare en trois ou quatre semaines. L'évolution très variable de la surdité traumatique d'un sujet à l'autre se vérifie à l'audiomètre et se fait en trois stades (fig. 3) :
– Un déficit léger mais permanent de l'audition s'établit dans la zone des sons aigus entre 3 000 et 6 000 Hz, prenant en général la forme d'un « V » à la fréquence 4 000.
– Au stade moyen, le scotome en « V » dépasse 40 dB et s'élargit vers les sons aigus et graves, empiétant sur la zone de la conversation où le déficit peut atteindre 35 dB, ce qui correspond déjà à une gêne importante.
– Le stade grave consiste en une surdité manifeste avec abaissement du seuil jusqu'à[...]
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Écrit par
- Pierre BUGARD : médecin en chef du Service de santé des armées (marine), ancien attaché à l'hôpital Laennec et au Centre psychiatrique Sainte-Anne, Paris, ancien conseiller à la S.N.E.C.M.A., à la Communauté européenne du charbon et de l'acier et au Comité de l'énergie atomique
- Claude CARLES : professeur des Universités
- Gérard MANGIANTE : professeur des Universités
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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