LIE SOPHUS (1842-1899)
La théorie des groupes de Lie
Sous le nom de « groupes finis et continus », Lie étudie des groupes de transformations analytiques sur l'espace Cn des n variables complexes x1, ..., xn,
dépendant « effectivement » de r paramètres complexes a1, ..., ar. Par la suite, il étudiera aussi, sous le nom de groupes infinis et continus, certains ensembles de transformations dépendant d'une infinité de paramètres (qui, en fait, ne sont pas des groupes). L'étude de Lie repose essentiellement sur la linéarisation qui introduit ce qu'on appelle l'algèbre de Lie du groupe. Si l'on obtient la transformation identique de l'espace Cn pour un choix a01, ..., a0r, la formule de Taylor au premier ordre :introduit la transformation infiniment petite :k = 1par intégration du système différentiel :
on obtient alors le groupe à un paramètre :que Lie montre être un sous-groupe du groupe initial.La méthode infinitésimale de Lie consiste en l'étude des opérateurs différentiels linéaires :
qu'il appelle transformations infinitésimales et dont l'ensemble forme, pour le crochet, l'algèbre de Lie du groupe ; un habile usage de la formule de Taylor au second ordre lui permet d'obtenir l'expression fondamentale donnant le crochet de deux telles transformations infinitésimales (cf. groupes - Groupes de Lie). Tout ce qui précède fait le lien entre la théorie des groupes continus ainsi obtenue et les transformations de contact et la théorie des équations aux dérivées partielles.À partir de 1874, Lie développe systématiquement la méthode infinitésimale et élabore un véritable « dictionnaire » de correspondances entre les propriétés du groupe et les propriétés de l'algèbre de Lie ; il dégage clairement le caractère local de l'algèbre de Lie dont la donnée permet seulement, en général, d'obtenir un « morceau » de groupe de transformation et établit ainsi les résultats du tableau de correspondances donné dans l'article groupes - Groupes de Lie, chap. 5.
Selon Nicolas Bourbaki, voici les trois principaux théorèmes obtenus par Lie.
Le premier théorème affirme que, sous l'hypothèse que les paramètres sont « effectifs », les fonctions fi de (1) vérifient une équation aux dérivées partielles :
où la matrice (ξki) est de rang maximal et det (Ψij) ≠ 0. Réciproquement, si les fonctions fi ont cette propriété, les formules (1) définissent un morceau de groupe de transformations. Le deuxième et le troisième théorème établissent les relations algébriques entre les ξki, d'une part, et les Ψij, d'autre part ; réciproquement, si l'on se donne r transformations infinitésimales linéairement indépendantes X1, X2, ..., Xr dans l'algèbre de Lie, avec :où les ckij satisfont aux relations algébriques :les sous-groupes à un paramètre engendrés par ces transformations engendrent un groupe de transformations dont l'algèbre de Lie est engendrée par X1, ..., Xn.La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Luc VERLEY : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII
Classification
Autres références
-
LIE GROUPES DE
- Écrit par Bernard PIRE
- 176 mots
La publication des trois volumes du traité intitulé Theorie der Transformationsgruppen, de 1888 à 1893, synthétise l'apport fondamental du mathématicien norvégien Sophus Lie (1842-1899) à la théorie des groupes. Écrit en collaboration avec Friedrich Engel, cet ouvrage rassemble les nombreux...
-
GROUPES (mathématiques) - Groupes de Lie
- Écrit par Jean DIEUDONNÉ
- 10 294 mots
- 2 médias
La théorie des groupes de Lie, fondée dans la période de 1870-1880 par le mathématicien norvégien Sophus Lie, a d'abord été considérée comme une partie assez marginale des mathématiques, liée à des problèmes touchant les équations différentielles, les équations aux dérivées partielles...