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SORTIE DU NUCLÉAIRE CIVIL

La catastrophe de Fukushima, qui a eu lieu en mars 2011 dans le nord-est du Japon, pays possédant un parc de centrales nucléaires considérées comme parmi les plus sûres du monde, a fait prendre brutalement conscience de la possibilité d'un accident majeur dans un pays occidental de haute technologie. Elle a suscité l'émergence d'une interrogation jusque-là largement passée sous silence : et si la France n'était pas à l'abri d'un accident majeur ? Les Français ont en effet bien compris qu'il n'est pas nécessaire d'imaginer un tsunami pour qu'un tel accident se produise. Bien d'autres causes pourraient provoquer un enchaînement de défaillances conduisant à un accident majeur sur l'un des 58 réacteurs français en fonctionnement qui sont, rappelons-le, de la même génération que les réacteurs japonais.

Comme après chaque accident nucléaire sérieux, la question de la sortie du nucléaire est posée. Certains pays renoncent alors à cette source d'énergie en fermant leurs centrales nucléaires qui produisent de l'électricité. C'est le cas, en Europe, de l'Allemagne, qui a proclamé en mars 2011 l'arrêt définitif de ses centrales pour 2022, ou encore de la Suisse, qui a annoncé en mai 2011 sa sortie progressive du nucléaire en renonçant à renouveler ses centrales. Qu'en est-il pour la France ? Peut-elle se passer de ses centrales ?

Nucléaire civil : le cas particulier de la France

Dans le débat qui s'est ravivé après la catastrophe de Fukushima, les défenseurs du nucléaire présentent une série d'arguments. Le premier est l'indépendance énergétique apportée par le nucléaire à notre pays. Mais celle-ci est fortement contestée, puisque la totalité de l'uranium utilisé dans les réacteurs français est importé. Le deuxième argument concerne la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) engendrées par le parc nucléaire. Celles-ci atteindraient 40 p. 100. Mais ce calcul fait l'hypothèse, très improbable, qu'en l'absence de nucléaire, la France aurait recours massivement au charbon. Le dernier argument paraît à première vue incontournable : la France ne pourrait plus, au contraire de ses voisins, et vu sa très forte dépendance (78 p. 100 de la production d'électricité est d'origine nucléaire), sortir du nucléaire à une échéance prévisible.

Il est évidemment crucial d'apporter des éléments de réponse à cette dernière question, qu'on peut décliner ainsi :

– Peut-on décrire, à l'horizon de 2030, un système électrique capable de répondre aux besoins des Français sans avoir recours au nucléaire et sans augmenter fortement les importations d'énergie et les émissions de CO2 ?

– Si oui, quel en sera le coût en 2030 pour les ménages, les entreprises et la collectivité nationale par rapport à la pérennisation de la politique énergétique actuelle et au prix de quels investissements ?

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Écrit par

  • : ingénieur, économiste, président de l'association Global Chance

Classification

Médias

Centrale nucléaire de Tricastin - crédits : Guillaume Horcajuelo/ EPA

Centrale nucléaire de Tricastin

Électricité : coûts estimés en 2030 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Électricité : coûts estimés en 2030

Électricité : coûts des investissements pour 2030 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Électricité : coûts des investissements pour 2030

Autres références

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - L'Allemagne unie

    • Écrit par , et
    • 9 694 mots
    • 4 médias
    ...gouvernement Schröder décide, par un pacte conclu en juin 2000 entre le gouvernement fédéral et les représentants des principaux producteurs d'énergie, d'abandonner progressivement le nucléaire civil. La sortie doit cependant s'échelonner selon un calendrier flou (prévu sur vingt ans) et selon un processus...