SORTIE DU NUCLÉAIRE CIVIL
Coûts de la sortie du nucléaire pour les Français et l'État
Pour évaluer les coûts de cette sortie du nucléaire à 2030, il faut établir une comparaison avec le scénario central du ministère de l'Industrie en supposant que des réacteurs EPR (European Pressure Reactors) se substituent aux réacteurs actuels au fur et à mesure de leur arrivée en fin de vie (au bout de 33 ans en moyenne).
Pour reconstituer la facture globale d'électricité pour la France en 2030, il faut non seulement calculer le coût de la production de l'électricité pour chacun de ces deux scénarios (scénario central de référence et scénario de sortie du nucléaire), mais aussi ceux qui sont relatifs au transport et à la distribution d'électricité. Pour le scénario de sortie du nucléaire, il faut y ajouter des dépenses supplémentaires qui sont liées aux nécessaires économies d'électricité.
Pour chacun de ces deux scénarios, des fourchettes de coûts de production de l'électricité ont été envisagées. Pour le scénario de référence (poursuite du nucléaire avec les nouveaux réacteurs EPR), une fourchette de coûts de 80 euros (scénario de référence bas) à 105 euros (scénario de référence haut) par MWh a été retenue, celle-ci étant supérieure à celle donnée par la Cour des comptes (de 75 à 90 euros/MWh) dans son rapport du début de 2012. Elle comporte en effet un coût d'assurance contre le risque d'un accident majeur, évalué autour de 5 à 10 euros par MWh. En revanche, elle ne tient pas compte du derniers devis d'investissement d'E.D.F. de décembre 2012, qui porte le coût des réacteurs à 8,5 milliards d’euros au lieu de 6,3 milliards, ce qui laisse penser que les coûts estimés par la Cour seront très largement dépassés. Rappelons qu’en 2005 le coût de ces réacteurs était estimé à quelque 3 milliards d’euros.
Quel que soit le scénario envisagé, la facture globale d'électricité augmente par rapport à celle de 2011 (graphique). Cette croissance des coûts varie de 20 à près de 60 p. 100 selon les scénarios et les hypothèses (haute ou basse). La facture du scénario de sortie du nucléaire reste toutefois toujours inférieure à celle du scénario de poursuite de la politique électrique actuelle (scénarios de référence haut et bas). Ce résultat tient principalement au faible coût des mesures d'économie d'électricité. Alors que les frais de mise à disposition d'électricité (production, transport et distribution) chez l'usager atteignent des valeurs de 150 à 180 euros par MWh en 2030, ceux qui sont associés au remboursement des surcoûts d'investissement d'appareils économes en électricité se situent en moyenne au-dessous de 100 euros par MWh. Mais ce résultat s'explique aussi par la très rapide inflation des coûts du nucléaire de la nouvelle génération (réacteur EPR) qui rejoignent ceux des filières de production renouvelable arrivées à maturité, comme l'éolien terrestre.
Il existe bien une alternative recommandée par la Commission énergie 2050 : faire le pari d'une prolongation d'une vingtaine d'années de la durée de vie du parc nucléaire existant, en espérant que les travaux indispensables à la mise aux normes de sûreté post-Fukushima seront suffisants pour assurer sans risque cette prolongation. Avec le coût du MWh indiqué par la Cour des comptes (55 euros/MWh) après ces opérations, la facture globale rejoindrait l'estimation basse des factures du scénario de sortie du nucléaire. Mais c'est évidemment une stratégie à risques : risque très accru d'accident majeur et risque économique en cas de défaillance du parc.
En ce qui concerne les investissements à consentir d'ici à 2030 dans les deux scénarios, ils comportent ceux des capacités de production, ceux du réseau de transport et de distribution.[...]
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Écrit par
- Benjamin DESSUS : ingénieur, économiste, président de l'association Global Chance
Classification
Médias
Autres références
-
ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - L'Allemagne unie
- Écrit par Étienne DUBSLAFF , Encyclopædia Universalis et Anne-Marie LE GLOANNEC
- 9 694 mots
- 4 médias
...gouvernement Schröder décide, par un pacte conclu en juin 2000 entre le gouvernement fédéral et les représentants des principaux producteurs d'énergie, d'abandonner progressivement le nucléaire civil. La sortie doit cependant s'échelonner selon un calendrier flou (prévu sur vingt ans) et selon un processus...