Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SOUDAN DU SUD

Nom officiel Soudan du Sud
Chef de l'État et du gouvernement Salva Kiir Mayardit - depuis le 9 juillet 2011
Capitale Djouba (Le transfert de la capitale à Ramciel, approuvé à la fin de l'année 2011, doit se faire par étapes.)
Langue officielle Anglais (L'anglais est la langue officielle de travail.) (Selon la Constitution, toutes les langues indigènes sont des langues nationales et doivent être respectées, développées et promues.)
Population 11 483 374 habitants (2023)
    Superficie 646 883 km²

      Article modifié le

      Histoire

      La traite, au centre des rapports Nord-Sud au Soudan

      Si de larges pans de l'histoire ancienne du Soudan du Sud restent inconnus, les raids esclavagistes existent dès les royaumes chrétiens ou païens du xive siècle. Les zones touchées sont celles qui aujourd'hui constituent la frontière entre les deux Soudans. Les royaumes du Darfour et de Sennar mènent aussi au xviie siècle des raids mais ces derniers n'ont pas de conséquences démographiques irréversibles. Toutefois, cette situation change à partir du xviiie siècle lorsque des armées d'esclaves sont constituées pour combattre ces royaumes rivaux.

      À partir de 1820, la première colonisation du Soudan par le souverain turco-égyptien (le khédive), Mohammed Ali, a des effets délétères sur le Sud-Soudan. L'offensive égyptienne soumet le royaume Shilluk (dont la capitale est Fachoda) et les groupes Dinka qui nomadisent autour du fleuve Bahr el-Arab. Si le pouvoir ottoman, dont dépend le khédive, collecte de l'or et des esclaves pour mener à bien ses conquêtes, il est secondé dans cette mise en coupe réglée du Sud-Soudan par les armées privées de commerçants soudanais et européens à la recherche de main-d'œuvre servile et d'ivoire. La politique fiscale de l'Empire ottoman pousse aussi les Nord-Soudanais à trouver de nouvelles ressources. Ainsi, durant cette période, le trafic d'esclaves connaît une croissance inconnue jusqu'alors. Lorsque les esclaves ne peuvent être exportés, ils sont intégrés à la domesticité des familles soudanaises. Ainsi, de réalité périphérique, l'esclavage devient une composante essentielle de l'économie domestique au Nord-Soudan.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Le soulèvement mahdiste, organisé par Mohammed Ahmed Ibn Abdallah dit Al-Mahdi, contre la domination turco-égyptienne et la puissance coloniale britannique, débuté en 1883, n'altère en rien les logiques économiques précédentes. Celles-ci sont cependant gelées puisque le Sud-Soudan reste, jusqu'à la fin du soulèvement en 1898, isolé des événements qui se déroulent dans le Nord. Les esclaves sont toujours enrôlés dans les armées qui se battent contre l'Égypte et le Royaume-Uni. L'État mahdiste instauré de 1883 à 1898 confirme ainsi un ordre social et politique mis en place par l'Empire ottoman au sud du Soudan moderne.

      La colonisation britannique

      L'imposition d'un condominium anglo-égyptien au Soudan en 1899 est finalement possible grâce à la forte opposition de différents secteurs de la population au Mahdi. Au Sud, le changement est plus lent, d'abord à cause du désintérêt du pouvoir central établi à Khartoum vis-à-vis de cette zone périphérique et lointaine. Ensuite, parce qu'il convient de brider les ambitions territoriales des autres impérialismes européens. C'est seulement en 1903 qu'un accord concernant les frontières du Sud-Soudan est signé. Finalement, la pacification de cette région n'est effective qu'après 1920 car les Britanniques s'appuient sur les commerçants musulmans appelés jallaba pour imposer leur domination. Or ceux-ci ont incité la population à se révolter et se révèlent incapables de changer de politique.

      Inquiète de l'agitation nationaliste au Nord-Soudan, désireuse d'en finir avec le commerce des esclaves et soucieuse de ne pas dépenser plus que nécessaire, l'administration coloniale prend plusieurs décisions lourdes de conséquences.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Dans les années 1920, la plus grande partie du Sud-Soudan reste fermée aux échanges avec le Nord du fait de l'activisme des jallaba. La mise en place d'un « gouvernement indirect » au Sud-Soudan, pour minimiser le coût de l'administration, suppose l'existence de structures locales d'autorité qui, hormis chez les Shilluk ou les Zandé, n'existent pas ou plus et sont alors recréées par les administrateurs coloniaux. Ainsi, dans cette partie du Soudan, coupée de tous les événements politiques du Nord et gouvernée de façon totalement indépendante, seules les missions chrétiennes ont le droit de s'occuper de l'éducation de la population, sous des conditions draconiennes. Cette situation perdure jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

      Cette période est également marquée par des différenciations importantes au sein de cette zone. Les agriculteurs, nombreux dans la région d'Equatoria, sont pacifiés les premiers et deviennent les petits fonctionnaires ou les supplétifs du pouvoir colonial. Quant aux pasteurs, essentiellement dinka et nuer, ils sont plus hostiles à l'ordre colonial et restent marginalisés, malgré leur nombre.

      Les retrouvailles précaires avec Khartoum

      En 1946, Londres décide d'accorder à terme l'indépendance au Soudan et annule toutes les mesures en place, afin de réduire les profonds écarts de développement entre le Nord et le Sud. Elle établit un Conseil législatif à Khartoum, en réponse aux revendications nationalistes, au sein duquel la présence de Soudanais du Sud est acquise lors de la conférence de Djouba en 1947. La présence d'un sergent major de la police, de quelques chefs tribaux et de fonctionnaires de rang inférieur met en évidence l'impréparation du Sud-Soudan par rapport au Congrès des diplômés, organisation des élites politiques à Khartoum, qui mène l'agitation indépendantiste au Nord. Peu au fait des discussions, les Sud-Soudanais sont souvent manipulés dans les débats. Lorsque les événements s'accélèrent après le coup d'État de Gamal-Abdel Nasser en Égypte en 1952, leurs élus au Conseil législatif échouent à imposer la mention du fédéralisme dans la Constitution.

      De plus, installées à Khartoum pour y représenter le Sud-Soudan, ces élites ne peuvent développer une classe politique locale dans leur région. Elles assistent donc, impuissantes, à leur marginalisation progressive dans l'appareil administratif du futur État indépendant, qui promeut des Nord-Soudanais à tous les postes importants au Sud-Soudan.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      En octobre 1954, une conférence à Djouba réunit toutes les élites sud-soudanaises. Celles-ci optent pour l'indépendance d'avec l'Égypte d'abord, puis revendiquent une structure fédérale qui préserverait leur autonomie ou un droit à l'autodétermination. Mais la classe politique nordiste se révèle incapable de s'accorder sur une Constitution, fédéraliste ou non.

      La mutinerie de Torit en août 1955

      Le mécontentement au Sud grandit avec la soudanisation de l'appareil d'État, tous les postes importants étant confiés à des Nord-Soudanais dans l'administration locale et dans les forces de l'ordre, armée et police. Les soldats de l'Equatoria Corps (un régiment de Sud-Soudanais au sein de l'armée) ont peur d'être désarmés par leurs nouveaux officiers ou d'être envoyés au Nord. Ainsi, en août 1955, des mutins prennent le contrôle de la garnison de Torit, le quartier général de l'Equatoria Corps, et tuent officiers, fonctionnaires et commerçants nordistes. D'autres garnisons se soulèvent. Cependant, dans le Bahr-el-Ghazal et le Haut-Nil, les populations Dinka et Nuer considèrent ces soldats comme des agents de l'autorité coloniale ; ils ne sympathisent donc pas avec leur mouvement.

      À Khartoum, ce sont les missionnaires, qui n'ont pourtant rien à voir avec cette révolte, qui sont désignés responsables, alors que la propagande égyptienne a joué la carte du mécontentement au Sud pour empêcher l'indépendance du Soudan et maintenir l'unité de la Vallée du Nil.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Cette mutinerie a deux conséquences importantes. Tout d'abord, parce qu'elle se déroule pour l'essentiel dans la province d'Equatoria, elle est interprétée comme le début de la lutte des Sud-Soudanais. Mais, en donnant une prééminence à cette région, les Dinka et les Nuer contestent encore aujourd'hui cet épisode comme étant à l'origine de la lutte sud-soudanaise. Ensuite, loin de ralentir le processus politique, ces troubles incitent le Royaume-Uni à accorder l'indépendance, le 1er janvier 1956, sans toutefois avoir mis en place une véritable Constitution, ouvrant ainsi une période de grande instabilité politique pour le jeune État soudanais.

      La première guerre civile (1955-1972)

      Les désaccords autour de la promulgation d'une Constitution définitive (islamique ou pas, fédéraliste ou unitaire) sont à l'origine du coup d'État de 1958 qui installe au pouvoir à Khartoum le général Ibrahim Abboud. Ce dernier adopte une politique d'arabisation et d'islamisation forcées au Sud-Soudan, tout en réprimant les missionnaires et en pourchassant les mutins qui se sont réfugiés en brousse et vivent du banditisme.

      À partir du début de 1960, des figures politiques sud-soudanaises telles que Saturnino Lohure, Aggrey Jaden, Joseph Oduho et William Deng, entrent dans la clandestinité et forment un mouvement politico-militaire qui prend le nom d'un poison local, Anya Nya. Ce groupe armé reste peu efficace jusqu'à ce que des rebelles Simba qui luttent contre l'armée congolaise voisine trouvent asile sur le sol sud-soudanais en 1965.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Dès lors, Anya Nya devient plus qu'une simple nuisance militaire. La rébellion souffre toutefois du nouveau contexte politique à Khartoum qui, après le renversement de la dictature en octobre 1964, donne des signes d'apaisement, ainsi que des luttes au sein de sa direction motivées par des rivalités ethniques ou d'ego. Ce n'est qu'en 1969, grâce à l'aide militaire d'Israël notamment, que Joseph Lagu (ancien lieutenant de l'armée soudanaise) s'impose progressivement à la tête du mouvement qu'il unifie.

      Le mot d'ordre du mouvement Anya Nya reste l'autodétermination, même si beaucoup songent à revendiquer l'indépendance. Mais ce combat est mal connu et peu soutenu par les puissances étrangères. C'est pourquoi ses leaders ne tentent pas de contredire d'emblée l'Organisation de l'unité africaine, qui préconise l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

      Les accords d'Addis-Abeba de mars 1972

      Autant la guerre au Sud-Soudan que les rapports de force entre acteurs politiques à Khartoum conduisent à engager des négociations en 1972. En effet, après une ouverture limitée qui a permis, en 1965, d'esquisser les termes d'une solution, la vie politique au Nord-Soudan reprend son cours dans l'indifférence de la guerre qui se poursuit dans le Sud. De plus, les élites sud-soudanaises sont divisées entre celles qui sont installées à Khartoum et celles qui sont mandatées par les combattants du Sud. La prise de pouvoir par les militaires en 1969, dirigés par Jaafar al-Nimeyri, offre une nouvelle opportunité pour un règlement du conflit.

      L'accord de paix signé en mars 1972 à Addis-Abeba avec Joseph Lagu permet à Nimeyri de se concentrer sur les défis sécuritaires au Nord-Soudan. En effet, d'une part, l'alliance avec le Parti communiste est rompue après la tentative de coup d'État de 1971 orchestrée par certains militaires communistes, et, d'autre part, l'opposition des partis traditionnels n'est contenue que par une répression très violente. Nimeyri espère également faire des Sud-Soudanais des partisans décidés de son régime même si, de fait, ces derniers ne gagnent qu'un accord mal négocié avec un pouvoir largement illégitime.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Non seulement l'indépendance n'est pas acquise mais la revendication de fédération est réduite à une simple autonomie, dont les responsables sud-soudanais ne comprennent pas immédiatement les limites. En effet, si le Sud-Soudan est doté d'un gouvernement et d'une assemblée législative, il reste toutefois dépendant financièrement de Khartoum. De plus, le dispositif sécuritaire est très mal défini : les Sud-Soudanais doivent se contenter de l'assurance de conserver leurs troupes sudistes au Sud même si on leur adjoint au sein de la même armée nationale un contingent nordiste.

      Vers le retour de la guerre

      La mise en œuvre des accords d'Addis-Abeba se révèle très partielle et difficile compte tenu des ambiguïtés du texte, des profondes divisions entre les élites sudistes, et de l'opportunisme du pouvoir central à Khartoum qui est prêt à tout pour affaiblir l'opposition nordiste alors en exil et pour capter une partie des pétrodollars des monarchies conservatrices du Golfe. La découverte de gisements de pétrole en 1979 ne fait que précipiter des dynamiques de crise déjà existantes.

      D'abord, les clauses de l'accord de paix sur la sécurité ne sont pas respectées : de nombreux rebelles Anya Nya reprennent les armes pour combattre un accord qu'ils jugent mauvais. Leur mouvement se fait appeler Anya Nya 2. Ensuite, la mise en place de l'administration au Sud-Soudan soulève des antagonismes importants. Les Dinka et les Nuer sont bien plus nombreux que les habitants d'Equatoria et ont moins souffert de la guerre : ils investissent le nouvel appareil d'État au grand dam de ceux qui pensent avoir le plus combattu. Les dissensions sont également vives au sein des élites, entre le président du gouvernement sudiste (Équatorien), Joseph Lagu, et le vice-président sudiste (Dinka), Abel Alier. Enfin, les promesses de Khartoum en termes d'aide financière restent lettre morte ; la corruption gangrène aussi bien les institutions du Sud que celles du Nord du pays.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      La découverte du pétrole par la firme américaine Chevron en 1979, dans une zone située au Sud-Soudan mais proche de la frontière avec le Nord, aiguise toutes ces contradictions. Khartoum souhaite utiliser cette nouvelle ressource pour valoriser son potentiel agricole afin de transformer le Soudan en grenier à blé du monde arabe. Cette politique économique motive aussi la construction du canal de Jonglei, destiné à réduire l'évaporation des eaux du Nil Blanc pour satisfaire les ambitions du Nord-Soudan et de l'Égypte, au détriment des pasteurs qui vivent dans cet environnement et des autorités sud-soudanaises mises hors jeu. Ainsi, Khartoum modifie la Constitution en 1979 pour créer un système fédéral et fonder un nouvel État, appelé Unité, où se trouvent les champs pétroliers afin qu'ils repassent sous son contrôle.

      Par ailleurs, le climat politique change. Alors que, jusqu'en 1976, le soutien du Sud-Soudan garantissait la viabilité du régime de Nimeyri, le retour sur la scène politique, en 1977, des Frères musulmans dirigés par Hassan al-Tourabi et du grand parti Oumma de l'ancien Premier ministre Sadeq al-Mahdi, constitue un tournant pour Nimeyri. Celui-ci parie alors sur son alliance avec les pays du Golfe, pour son développement économique, et sur une islamisation des institutions pour couper court à un mécontentement populaire croissant, s'aliénant ainsi à nouveau l'appui du Sud-Soudan.

      Le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS)

      En janvier 1983, des garnisons à Bor, Pibor et Pochalla qui refusent de partir au Nord se mutinent. Au mois de juillet 1983, plus de 2 500 soldats sud-soudanais entrent en dissidence au côté des combattants d'Anya Nya 2. Un jeune officier, John Garang de Mabior prend le commandement du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS).

      L'origine militaire du mouvement, dont la composante civile est symbolique et peu influente, marque son fonctionnement jusqu'à aujourd'hui. L'imposition d'une discipline stricte sert à contenir les rivalités au sommet de l'organisation ou les dissensions internes. En l'espace de quelques mois, les troupes (notamment Nuer) qui veulent marquer leur autonomie au sein du groupe sont écrasées. Le mouvement est unifié.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Le M/APLS bénéficie d'une aide éthiopienne importante (sanctuaires, camps d'entraînement, accès à l'aide humanitaire internationale). Or Addis-Abeba, en butte à l'irrédentisme érythréen et siège de l'Organisation de l'unité africaine, ne peut accepter la revendication d'une sécession. Affaiblir Khartoum et diminuer l'appui octroyé par ce dernier à son opposition armée érythréenne lui suffit. Le projet politique du M/APLS doit donc s'accommoder de cette tutelle. Au lieu d'exiger l'indépendance du Sud-Soudan, comme le souhaite une très grande majorité de ses membres, il développe l'idée d'un « Nouveau Soudan », d'une alliance des régions périphériques contre le centre.

      La trajectoire du M/APLS est pour le moins mouvementée. Dans les années 1980, le mouvement est marxiste, il se bat contre un régime pro-occidental (les gouvernements de Nimeyri et de Sadeq al-Mahdi). Mais, après la chute du chef d'État éthiopien Mengistu Haïlé Mariam en 1991, la rhétorique change et fait une plus grande place à la lutte contre l'islamisme et l'imposition de la charia après l'arrivée au pouvoir en 1989 d'Omar el-Béchir à Khartoum. Le M/APLS y gagne l'appui de la droite religieuse américaine en plus des organisations de défense des droits de l'homme et des élus noirs américains sensibles à l'opposition Africains/Arabes. Cette sympathie internationale se traduit par le maintien d'une des plus importantes opérations humanitaires sur le continent (LifelineSudan) et par l'approvisionnement, par des États africains proches de Washington, via l'Ouganda, en armes et en munitions. Cet appui permet au M/APLS de survivre face aux offensives de Khartoum sans toutefois être capable de gagner la guerre.

      De la guerre sainte aux accords de paix de 2005

      L'arrivée des islamistes au pouvoir à Khartoum en juin 1989 avec Omar el-Béchir donne un nouveau visage au conflit. Ces derniers, conscients des rivalités internes au sein du M/APLS et des rapports parfois exécrables que ce dernier entretient avec la population de certaines zones, créent les conditions d'une véritable guerre civile au Sud-Soudan. L'armée nationale est alors secondée par des milices qui se retrouvent en fait en première ligne, comme cela se produira en 2003 au Darfour.

      Ce changement de tactique et les nouvelles ressources liées à l'exploitation du pétrole n'empêchent pas le M/APLS de gagner de nouvelles bases dans les monts Nuba et dans la province du Nil Bleu. De plus, la constitution, en 1990, de l'Alliance nationale démocratique, regroupant les grands partis traditionnels du Nord-Soudan passés dans l'opposition, à laquelle se rallie le M/APLS de John Garang, souligne une fois de plus la complexité du conflit : les divisions touchent autant les Africains que les Arabes, autant les musulmans que les chrétiens et animistes.

      Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

      Si Khartoum accepte une médiation régionale en 1994, le contenu des négociations est vide. La crise interne du régime, notamment avec le conflit qui met hors jeu Hassan al-Tourabi en décembre 1999, ainsi que la pression internationale, plus que les accommodements liés à l'exploitation du pétrole, poussent finalement à reprendre contact avec Washington au printemps de 2000. Le président George W. Bush, en nommant un envoyé spécial le 6 septembre 2001 indique, pour la première fois, que la paix est à nouveau envisageable.

      De juin 2002 à janvier 2005, John Garang et Omar el-Béchir négocient un accord de paix. La difficulté est double, du fait, d'une part, de l'intransigeance des deux parties en conflit et, de l'autre, de la volonté du M/APLS de ne pas répéter les erreurs commises lors des négociations d'Addis-Abeba en 1972. Finalement, le texte, signé le 9 janvier 2005 au Kenya, prévoit un référendum d'autodétermination au terme de six ans d'un gouvernement intérimaire. Durant cette période, les revenus pétroliers seront partagés à égalité entre Khartoum et Djouba et des élections seront organisées. Deux, voire trois armées sont acceptées : celle du Soudan, celle du Sud-Soudan et des unités mixtes. La réintégration des combattants sud-soudanais s'inscrit au terme de l'accord, tout comme la détermination du statut de régions partiellement contrôlées par le M/APLS (Nil Bleu, monts Nuba et région d'Abiyé).

      Accédez à l'intégralité de nos articles

      • Des contenus variés, complets et fiables
      • Accessible sur tous les écrans
      • Pas de publicité

      Découvrez nos offres

      Déjà abonné ? Se connecter

      Écrit par

      • : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
      • : chargé de recherche CNRS
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

      Classification

      Médias

      Soudan du Sud : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Soudan du Sud : carte physique

      Soudan du Sud : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Soudan du Sud : drapeau

      Nomadisme au Soudan - crédits : C. Sappa/ De Agostini/ Getty Images

      Nomadisme au Soudan

      Autres références

      • SOUDAN DU SUD, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • DJOUBA ou JUBA

        • Écrit par
        • 495 mots

        Djouba (Juba) est la capitale du Soudan du Sud, et celle de l'État sud-soudanais d'Equatoria-Central. Construite dans une région de plateaux à polyculture pluviale, sur la rive gauche du Nil Blanc, Djouba est peuplée de 250 000 à 350 000 habitants (estimation de 2012).

        Tirant son...

      • KIIR MAYARDIT SALVA (1951- )

        • Écrit par et
        • 656 mots

        Ancien leader du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS), Salva Kiir Mayardit devient, en 2011, le premier président du Soudan du Sud, après l'indépendance du nouvel État. Il fut, de 2005 à 2011, le président de la région semi-autonome du Soudan du Sud et le vice-président du...

      • SOUDAN

        • Écrit par , et
        • 12 407 mots
        • 10 médias
        ...toutes les deux. Cet ultimatum international ne peut être ignoré par le gouvernement de Karthoum qui, à partir de juin 2012, doit faire face à des manifestations contre la vie chère et sa nouvelle politique fiscale, faible écho cependant du Printemps arabe qui a changé la donne en Égypte et en Libye.

      Voir aussi