SOUDAN DU SUD
Nom officiel | Soudan du Sud (SS) |
Chef de l'État et du gouvernement | Salva Kiir Mayardit (depuis le 9 juillet 2011) |
Capitale | Djouba 4
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Langue officielle | Anglais 5
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Unité monétaire | Livre sud-soudanaise (SSP) 6, 7
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Population (estim.) |
15 254 000 (2024) |
Superficie |
644 329 km²
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Histoire
La traite, au centre des rapports Nord-Sud au Soudan
Si de larges pans de l'histoire ancienne du Soudan du Sud restent inconnus, les raids esclavagistes existent dès les royaumes chrétiens ou païens du xive siècle. Les zones touchées sont celles qui aujourd'hui constituent la frontière entre les deux Soudans. Les royaumes du Darfour et de Sennar mènent aussi au xviie siècle des raids mais ces derniers n'ont pas de conséquences démographiques irréversibles. Toutefois, cette situation change à partir du xviiie siècle lorsque des armées d'esclaves sont constituées pour combattre ces royaumes rivaux.
À partir de 1820, la première colonisation du Soudan par le souverain turco-égyptien (le khédive), Mohammed Ali, a des effets délétères sur le Sud-Soudan. L'offensive égyptienne soumet le royaume Shilluk (dont la capitale est Fachoda) et les groupes Dinka qui nomadisent autour du fleuve Bahr el-Arab. Si le pouvoir ottoman, dont dépend le khédive, collecte de l'or et des esclaves pour mener à bien ses conquêtes, il est secondé dans cette mise en coupe réglée du Sud-Soudan par les armées privées de commerçants soudanais et européens à la recherche de main-d'œuvre servile et d'ivoire. La politique fiscale de l'Empire ottoman pousse aussi les Nord-Soudanais à trouver de nouvelles ressources. Ainsi, durant cette période, le trafic d'esclaves connaît une croissance inconnue jusqu'alors. Lorsque les esclaves ne peuvent être exportés, ils sont intégrés à la domesticité des familles soudanaises. Ainsi, de réalité périphérique, l'esclavage devient une composante essentielle de l'économie domestique au Nord-Soudan.
Le soulèvement mahdiste, organisé par Mohammed Ahmed Ibn Abdallah dit Al-Mahdi, contre la domination turco-égyptienne et la puissance coloniale britannique, débuté en 1883, n'altère en rien les logiques économiques précédentes. Celles-ci sont cependant gelées puisque le Sud-Soudan reste, jusqu'à la fin du soulèvement en 1898, isolé des événements qui se déroulent dans le Nord. Les esclaves sont toujours enrôlés dans les armées qui se battent contre l'Égypte et le Royaume-Uni. L'État mahdiste instauré de 1883 à 1898 confirme ainsi un ordre social et politique mis en place par l'Empire ottoman au sud du Soudan moderne.
La colonisation britannique
L'imposition d'un condominium anglo-égyptien au Soudan en 1899 est finalement possible grâce à la forte opposition de différents secteurs de la population au Mahdi. Au Sud, le changement est plus lent, d'abord à cause du désintérêt du pouvoir central établi à Khartoum vis-à-vis de cette zone périphérique et lointaine. Ensuite, parce qu'il convient de brider les ambitions territoriales des autres impérialismes européens. C'est seulement en 1903 qu'un accord concernant les frontières du Sud-Soudan est signé. Finalement, la pacification de cette région n'est effective qu'après 1920 car les Britanniques s'appuient sur les commerçants musulmans appelés jallaba pour imposer leur domination. Or ceux-ci ont incité la population à se révolter et se révèlent incapables de changer de politique.
Inquiète de l'agitation nationaliste au Nord-Soudan, désireuse d'en finir avec le commerce des esclaves et soucieuse de ne pas dépenser plus que nécessaire, l'administration coloniale prend plusieurs décisions lourdes de conséquences.
Dans les années 1920, la plus grande partie du Sud-Soudan reste fermée aux échanges avec le Nord du fait de l'activisme des jallaba. La mise en place d'un « gouvernement indirect » au Sud-Soudan, pour minimiser le coût de l'administration, suppose l'existence de structures locales d'autorité qui, hormis chez les Shilluk ou les Zandé, n'existent pas ou plus et sont alors recréées par les[...]
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Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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SOUDAN DU SUD, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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DJOUBA ou JUBA
- Écrit par Alain GASCON
- 495 mots
Djouba (Juba) est la capitale du Soudan du Sud, et celle de l'État sud-soudanais d'Equatoria-Central. Construite dans une région de plateaux à polyculture pluviale, sur la rive gauche du Nil Blanc, Djouba est peuplée de 250 000 à 350 000 habitants (estimation de 2012).
Tirant son...
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KIIR MAYARDIT SALVA (1951- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Amy MCKENNA
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Ancien leader du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS), Salva Kiir Mayardit devient, en 2011, le premier président du Soudan du Sud, après l'indépendance du nouvel État. Il fut, de 2005 à 2011, le président de la région semi-autonome du Soudan du Sud et le vice-président du...
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SOUDAN
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Alain GASCON et Roland MARCHAL
- 12 406 mots
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...toutes les deux. Cet ultimatum international ne peut être ignoré par le gouvernement de Karthoum qui, à partir de juin 2012, doit faire face à des manifestations contre la vie chère et sa nouvelle politique fiscale, faible écho cependant du Printemps arabe qui a changé la donne en Égypte et en Libye.