SOUDAN DU SUD
Nom officiel | Soudan du Sud (SS) |
Chef de l'État et du gouvernement | Salva Kiir Mayardit (depuis le 9 juillet 2011) |
Capitale | Djouba 4
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Langue officielle | Anglais 5
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Unité monétaire | Livre sud-soudanaise (SSP) 6, 7
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Population (estim.) |
15 254 000 (2024) |
Superficie |
644 329 km²
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Le Soudan du Sud indépendant
La marche vers l’indépendance
La mise en œuvre des accords, de 2005 à 2011, rencontre de nombreux obstacles. Le premier survient avec l'enlisement du conflit meurtrier au Darfour qui détourne l'attention de la communauté internationale d'un processus de paix long et compliqué. Le deuxième coup à ces accords est porté par la mort accidentelle de John Garang le 30 juillet 2005. Si ce dernier n'est pas aussi populaire au Sud-Soudan que dans les chancelleries occidentales, il incarne plus que tout autre cet accord de paix. L'élection de Salva Kiir Mayardit, son bras droit, à la direction du M/APLS. en 2005 calme les esprits, mais ce dernier n'a ni le charisme, ni l'intelligence politique, ni le carnet d'adresses de son prédécesseur. Il gère plus qu'il ne dirige l'organisation et fait souvent preuve d'une grande indécision, notamment lorsque, sous la pression occidentale, alors qu'il est devenu président du Soudan du Sud indépendant en 2011, il lui est demandé de lutter contre la corruption. En effet, près de 4 milliards de dollars sur les 11,8 milliards obtenus des revenus pétroliers de 2005 à 2011 ont disparu des caisses de l'État.
La troisième faiblesse liée à cet accord de paix est qu'il constitue autant un partage du pouvoir qu'une sortie de conflit. Très vite, le M/APLS et Khartoum deviennent les meilleurs alliés contre toutes les autres forces politiques tant du Nord que du Sud. Cette situation est manifeste lors des élections générales d'avril 2010 lorsque le M/APLS choisit de retirer son candidat à la veille du scrutin – en dénonçant des fraudes – afin de permettre à Omar el-Béchir d'être réélu à la tête de l'État, plutôt que de voir le résultat du futur référendum contesté par une autre formation politique.
Ainsi, en janvier 2011, l'unanimité des votes en faveur de l'indépendance du Soudan du Sud (98,8 % de oui) ne peut dissimuler de profondes inquiétudes. En effet, même si l'existence d'une forte majorité en faveur de la sécession ne peut être mise en doute, il semble clair que Djouba n'entendait pas tolérer une opinion contraire.
La Constitution adoptée pour le Soudan du Sud en 2011 confirme cet autoritarisme latent. La liesse populaire et l'enthousiasme des compagnons de route, à la suite des résultats du référendum d'autodétermination, ne peuvent dissimuler le fait que le pouvoir appartient aux commandants du M/APLS et que ceux-ci, pour avoir combattu si longtemps, ne comptent pas s'en remettre aux décisions du peuple mais bien plus à leurs compromis internes.
L'existence de la république du Soudan du Sud est, depuis le 9 juillet 2011, acquise au niveau international ; une guerre avec Khartoum ne changerait rien à cette réalité géopolitique. De plus, un certain nombre d'États, comme les États-Unis et Israël, seront pour les années qui viennent des alliés indéfectibles de Djouba.
L'enjeu pour le nouvel État est double. D'une part, il s'agit de faire la preuve qu'il est capable de se construire sans brutaliser ses populations. La tâche est lourde du fait du profond sous-développement du Soudan du Sud, de l'absence d'infrastructures pour réaliser une intégration nationale, de la dépendance absolue vis-à-vis des revenus du pétrole (98 % du budget étatique) et de l'absence de cadres civils pour gérer la nouvelle administration du pays. D'autre part, les tensions avec le Soudan cristallisent des problèmes qui nécessitent un réalisme politique dont les dirigeants du M/APLS semblent encore dépourvus. Ainsi, le transit du pétrole par l'unique oléoduc allant à Port-Soudan, la délimitation précise de la frontière (et des champs pétroliers qui s'y trouvent) et le statut des régions contestées (dont Abiyé) doivent trouver un règlement définitif ou une gestion commune pour éviter toute[...]
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Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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SOUDAN DU SUD, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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DJOUBA ou JUBA
- Écrit par Alain GASCON
- 495 mots
Djouba (Juba) est la capitale du Soudan du Sud, et celle de l'État sud-soudanais d'Equatoria-Central. Construite dans une région de plateaux à polyculture pluviale, sur la rive gauche du Nil Blanc, Djouba est peuplée de 250 000 à 350 000 habitants (estimation de 2012).
Tirant son...
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KIIR MAYARDIT SALVA (1951- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Amy MCKENNA
- 655 mots
Ancien leader du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS), Salva Kiir Mayardit devient, en 2011, le premier président du Soudan du Sud, après l'indépendance du nouvel État. Il fut, de 2005 à 2011, le président de la région semi-autonome du Soudan du Sud et le vice-président du...
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SOUDAN
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Alain GASCON et Roland MARCHAL
- 12 406 mots
- 10 médias
...toutes les deux. Cet ultimatum international ne peut être ignoré par le gouvernement de Karthoum qui, à partir de juin 2012, doit faire face à des manifestations contre la vie chère et sa nouvelle politique fiscale, faible écho cependant du Printemps arabe qui a changé la donne en Égypte et en Libye.