SOUDAN
Nom officiel | République du Soudan (SD) |
Chef de l'État | Abdel Fattah al-Burhan (par intérim depuis le 12 avril 2019) |
Chef du gouvernement | Osman Hussein (par intérim depuis le 19 janvier 2022) |
Capitale | Khartoum (siège du Conseil des États) 2
|
Unité monétaire | Livre soudanaise (SDG) |
Population (estim.) |
47 653 000 (2024) |
Superficie |
1 840 687 km²
|
Le Soudan depuis l'indépendance
L'instabilité des régimes libéraux (1956-1969)
L'indépendance ne constitue pas une rupture radicale avec la période précédente. La vie politique demeure structurée autour de la compétition de deux grandes familles politiques et religieuses et la gestion d'un appareil d'État mal adaptée à la réalité plurielle et essentiellement rurale du pays. Le premier Premier ministre, Ismaïl al-Azhari, grande figure du mouvement nationaliste avant l'indépendance, en tire d'ailleurs une conclusion désabusée : pour faire de la politique au Soudan, il faut l'appui d'une confrérie musulmane à l'instar de la Khatmiyya ou des Ansar, mouvement se revendiquant du Mahdi et faisant figure de quasi-confrérie.
D'un côté, on retrouve le parti Oumma dont la direction est assumée par les descendants du Mahdi et de son khalife (son successeur), une partie desdites grandes familles traditionnelles du monde tribal et religieux soudanais. Cette force politique illustre bien des paradoxes de la vie politique soudanaise. Sa base sociale est essentiellement rurale et vit dans les régions qui se sont soulevées avec succès contre la colonisation ottomane. Pourtant, ses cadres sont des membres de l'élite urbaine, souvent même des laïcs, qui partagent une même hostilité vis-à-vis de l'Égypte, une parentèle avec l'élite religieuse qui forme la direction du parti, ou des allégeances locales vis-à-vis de certains de ses dirigeants.
De l'autre, on trouve une constellation de partis, religieux ou laïcs, réunis dans un grand courant unioniste dont la cheville ouvrière est le Parti démocratique populaire (PDP) de la famille al-Mirghani, qui est à la tête de la première confrérie musulmane du pays, la Khatmiyya, et a opté depuis le xixe siècle pour un appui à l'Égypte. Ce courant a été très sensible aux évolutions politiques en Égypte et a fait campagne entre les deux guerres mondiales pour l'unité de la Vallée du Nil contre l'impérialisme britannique. Ces élites, plus encore que pour le parti Oumma, sont urbaines et souvent membres de la haute fonction publique ou des milieux commerçants.
Cette compétition ne recouvre pas simplement une lutte pour le pouvoir d'État mais aussi une rivalité proprement religieuse et une différence fondamentale sur la compréhension de l'histoire anticoloniale du Soudan : l'épisode mahdiste est-il fondateur de l'existence du Soudan ? Qui a la légitimité religieuse pour guider les musulmans soudanais ? L'Égypte est-elle un allié contre les ambitions européennes ou a-t-elle un véritable projet de domination ? C'est cette situation très particulière qui explique la volonté de ces deux grandes forces de mener à son terme le débat sur une Constitution islamique, non pour défendre une foi qu'aurait voulu limiter l'État mais pour marquer la prévalence d'une force sur une autre. Évidemment, une telle polarisation met hors jeu les populations non musulmanes et entre parenthèses les choix politiques indispensables pour le développement du pays, au Nord comme au Sud d'ailleurs.
Le Soudan, ou plutôt le Nord-Soudan, ne se limite pas à ces seuls groupes politiques : le Parti communiste soudanais (PCS), les Frères musulmans, le parti Bath, notamment, se développent chacun suivant son mode, dans les interstices de la société politique soudanaise. Leur succès plus ou moins important demeure lié aux développements politiques dans le monde arabe (et singulièrement en Égypte), autant qu'aux dynamiques politiques soudanaises. Le PCS s'affirme pourtant, dans les années 1960, comme le plus important du monde arabe après l'élimination de son homologue en Irak. Ces petits partis, souvent, recrutent dans des groupes ethniquement ou socialement minoritaires mais leur influence, incontestable[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Roland MARCHAL : chargé de recherche CNRS
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
SOUDAN, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 12 424 mots
- 24 médias
...première dans la voie de la décolonisation en Afrique de l'Ouest, où la situation était plus « mûre » qu'ailleurs, et sur les marges du monde noir. Au Soudan, le problème était étroitement lié à l'avenir des relations anglo-égyptiennes. Le processus de transfert de souveraineté y fut très précoce. S'appuyant... -
ANSARS ou ANÇĀRS
- Écrit par Yves THORAVAL
- 724 mots
-
ANYA NYA
- Écrit par Yves THORAVAL
- 649 mots
Terme signifiant dans les dialectes nilotiques du sud du Soudan « venin de serpent », l'Anya Nya est le nom que se sont donné les combattants du Front de libération de l'Azanie de Joseph Lagu et d'Oduho (l'Azanie était l'ancien nom de cette région d'Afrique)....
-
BECHIR OMAR HASSAN EL- (1944- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 1 073 mots
Homme politique soudanais, Omar el-Béchir s’impose par la force à la tête du Soudan en 1989, avant d’être président de la République de 1993 à 2019.
Né le 7 janvier 1944 dans le village de Hosh Bonnaga, Omar Hassan el-Béchir est issu d'une famille paysanne modeste qui s'installe par la suite...
- Afficher les 40 références