SOUFRE
Métabolisme
Après une rapide étude du cycle biologique du soufre, on examinera successivement les aspects essentiels du métabolisme du soufre, à savoir : l'oxydation des sulfures en sulfates dans la nature, chez certains micro-organismes présentant des caractères particuliers, et, d'une manière plus générale, chez les êtres vivants ; la réduction des sulfates et leur utilisation tout spécialement par certains micro-organismes dotés de propriétés spécifiques ; la biosynthèse des acides aminés soufrés et de leurs dérivés par les micro-organismes et les plantes ; enfin, la dégradation des acides aminés soufrés et de leurs dérivés par les différents organismes vivants.
Le « cycle » du soufre
La notion de « cycle » du soufre dans la nature et la matière vivante, dégagée depuis fort longtemps, est justifiée par de multiples observations qu'il est possible de résumer de la façon suivante : les formes minérales réduites du soufre, les sulfures, subissent des oxydations chimiques et enzymatiques qui les transforment en soufre élémentaire et en sulfates ; réciproquement, une réduction des sulfates, faisant intervenir divers intermédiaires, en particulier le sulfite et le thiosulfate, a lieu. De plus, les micro-organismes et les plantes synthétisent, à partir des formes minérales du soufre, un certain nombre de composés organiques nécessaires à leur vie, ou à celle d'autres organismes, principalement les animaux qui doivent obligatoirement trouver dans leur alimentation différents composés organiques soufrés qu'ils utilisent, transforment et dégradent en produits d'élimination.
Certaines étapes indiquées sur la figure sont chimiques ; d'autres sont catalysées par des systèmes enzymatiques.
Oxydation des sulfures en sulfates
L'oxydation chimique des sulfures soit naturels, soit produits par l'utilisation domestique ou industrielle de divers combustibles (charbon, gaz, dérivés du pétrole) a lieu essentiellement dans l'atmosphère. C'est une transformation lente mais dont l'importance est considérable. Les sulfates ainsi formés sont entraînés par les pluies et répandus sur les sols des continents, dans les fleuves et les océans. W. Kellog et ses collaborateurs (1972) ont décrit le « déséquilibre » des composés soufrés du système atmosphère-océans provoqué par les activités humaines, tout particulièrement les combustions, et souligné l'importance de ces phénomènes en relation avec les problèmes de pollution.
L'oxydation enzymatique des sulfures en sulfates est effectuée par les sulfobactéries autotrophes. Ces phénomènes d'oxydation présentent pour ces organismes une importance particulière, puisqu'ils leur fournissent la majeure partie de l'énergie nécessaire à leur croissance (H. Peck, 1962). Le mécanisme de l'oxydation du sulfite en sulfate a été bien élucidé par H. Peck et ses collaborateurs qui ont montré, en 1965, qu'au cours de cette oxydation il y a formation, à partir de sulfite et d'adénosine 5'-monophosphate (AMP), d'adénosine 5'-phosphosulfate (APS) riche en énergie.
Enfin, chez les plantes, les micro-organismes et les animaux, l'oxydation, en grande partie enzymatique, des sulfures en sulfates constitue un phénomène de détoxication et d'élimination de l'hydrogène sulfuré provenant de la désulfhydration de la cystéine et de l' homocystéine.
Réduction des sulfates et leur utilisation
À l'exception de l'incorporation directe des sulfates dans des molécules organiques pour la formation des esters sulfuriques, l'utilisation des sulfates nécessite leur réduction préalable en sulfites, et leur « activation » par des enzymes qui consomment de l'ATP. Il s'agit alors du métabolisme « assimilatoire » existant en particulier dans la levure.[...]
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Écrit par
- Fernande CHATAGNER : maître de recherche au C.N.R.S.
- René LECLERCQ : vice-président de l'Institut International du soufre
- Noël LOZAC'H : doyen honoraire de la faculté des sciences de Caen, professeur émérite de l'université de Caen
- Serge MASSON : directeur de recherche au C.N.R.S., Caen
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