SOUL MUSIC
Diffusion et diversités
Après des précurseurs audacieux comme Sam Cooke et, principalement, Ray Charles, les nouveaux prédicateurs de l'âme noire, les grandes vedettes de la soul de l'Amérique post-ségrégationniste sont Otis Redding, Wilson Pickett et, surtout, James Brown, qui, dès 1955 – et au même moment que Ray Charles et de son I Got a Woman – plaque des paroles profanes sur un thème de Gospel (Please, Please, Please, 1956). Par la suite, James Brown se distinguera encore des autres fondateurs de la soul en créant à lui seul une musique funk soul qui, dans un style modal et avec un rythme torride, emportera tout sur son passage et fera de lui une des grandes superstars de la musique américaine.
Mais, même dans sa grande période de prospérité (les années 1967-1975), la soul music est très loin de présenter un caractère uniforme. Le seul point commun réside dans la présence d'un vague esprit « noir » communautaire que l'on retrouve à travers des styles régionaux très différents. Ainsi, le « Motown sound » à Detroit reprend une partie des groupes vocaux dits de doo-wop en leur instillant une nouvelle ferveur (The Vandellas, The Supremes, Smokey Robinson and the Miracles, The Temptations, Marvin Gaye, Stevie Wonder, H-D-H, The Four Tops...), ce qui n'empêche pas certains solistes (comme Aretha Franklin) de faire une grande carrière hors de ce style. À Memphis, c'est la « southern soul » qui domine, retenant dans sa soul une très forte imprégnation du blues qui a presque été une invention locale (avec Carla Thomas, Rufus Thomas, Albert King, Eddie Floyd, Arthur Conley, William Bell, Johnnie Taylor, Otis Redding, Ann Peebles, Al Green...). La soul sudiste, à tendance souvent fortement bluesy, est aussi dominante à La Nouvelle-Orléans (Irma Thomas), au Texas (Joe Tex), en Alabama (Percy Sledge), sans oublier l'inclassable Isaac Hayes, qui s'est imposé auprès du public avec d'énormes succès du disque et de l'écran (Shaft). À Chicago, la soul bat en brèche une scène du blues qui demeurera cependant toujours importante et constituera aussi un élément clé d'une soul chicagoane qui sera toujours beaucoup plus rugueuse ici que dans la plupart des autres cités nordistes (Fontella Bass, Artie White, Bobby Rush, Tyrone Davis...). À Philadelphie, la « philly soul » favorise des arrangements élégants, léchés, parfois aseptisés, qui annoncent la déferlante du disco et qui auront les faveurs des jeunes Noirs : Jerry Butler, The O’Jays, Harold Melvin and The Blue Notes, qui comprennent parmi eux Teddy Pendergrass, qui deviendra un des grands noms du disco.
Ces styles régionaux sont aussi généralement personnifiés par des labels régionaux qui, partis des goûts et de la volonté de tout petits producteurs indépendants, ont souvent réussi à devenir d'importantes entreprises. Le label Atlantic Records – créé dès 1947 à New York par Ahmet Ertegun et Herb Abramson – a été une des forces dominantes du rhythm and blues de l'après-guerre avant de saisir aussi, avant presque tout le monde, les changements souhaités par la clientèle noire qui plébiscitaient ses disques. Stax Records (créé par Jim Stewart et Estelle Axton) et Hi (fondé par Bill Black, le bassiste d'Elvis Presley, et Willie Mitchell) sont des créations de producteurs de Memphis, souvent formés chez le label Sun de Sam Phillips. Leurs catalogues font aujourd'hui l'objet d'un véritable culte parmi des amateurs du monde entier. Il faut aussi citer Tamla Motown – fondé à Detroit par Berry Gordy –, International – créé à Philadelphie par Kenny Gamble et Leon Huff –, Minit et Instant – fondé à La Nouvelle-Orléans sous la houlette de Marshall Sehorn ou Allen Toussaint... Sans oublier tous les labels depuis longtemps tournés vers les musiques noires (Chess, Kent, Jewel) et qui découvrent et font enregistrer[...]
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Écrit par
- Gérard HERZHAFT : écrivain
Classification
Médias
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