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SOULIER, histoire du costume

Bottes ou souliers fins ? - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bottes ou souliers fins ?

Soulier, chaussure : le choix du vocable est indifférent. « Chaussure », mot défini par L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, est « la partie de l'habillement qui couvre le pied ». Plus loin, le rédacteur de l'article écrit : « Presque tous les Européens sont en souliers. » La quasi-synonymie des deux mots n'empêche pas la prépondérance de soulier, terme le plus usité jusqu'au xxe siècle, où il est remplacé dans le langage par chaussure. Ces deux mots sont employés pour dénommer les trois formes génériques que l'on retrouve universellement : la sandale, chaussure réduite à sa plus simple expression, composée d'une semelle et de lanières, qui protège la plante des pieds ; le soulier bas enveloppe le pied jusqu'à la cheville ; la botte dont la tige plus ou moins haute recouvre le mollet. Toutes les formes sont issues de celles-ci et se combinent pour donner naissance à de nombreuses variations, parfois d'une grande fantaisie, selon les peuples. Sous ces trois formes, les chaussures apparaissent dans l'art, sur les fresques ou sur les bas-reliefs des antiques civilisations méditerranéennes et orientales et dans les vestiges livrés par les tombeaux.

Le rôle protecteur et fonctionnel de la chaussure n'est pas négligeable. Son aspect fonctionnel impose des constantes, qu'il serait erroné de surestimer. Elles sont tempérées par une indifférence aux facteurs climatiques, anatomiques ou sexuels. Les bottes ou les guêtres, par exemple, sont portées par les peuples cavaliers, quel que soit le climat. La forme anatomique n'y est pas prise en compte, jusqu'à ce qu'apparaisse en Occident, à la fin du xixe siècle, la différenciation du pied droit et du pied gauche. De même la différenciation selon les sexes ne s'exprime qu'à partir des Temps modernes.

Comme le vêtement, la chaussure situe au premier regard son propriétaire. Elle est avant tout l'expression d'un privilège social et d'une symbolique : attribut de classe, le port du soulier est réglementé par les ordonnances somptuaires.

À mesure que la sandale recule devant le soulier bas ou le soulier avec guêtres des Barbares qui envahissent l'Occident à la fin de l'Empire romain, elle devient signe de renoncement et d'humilité. Elle subsiste ainsi en Europe, portée par les membres des ordres religieux, mendiants et contemplatifs, alors que le clergé séculier porte des souliers couvrants.

En rehaussant sa taille, la chaussure donne une apparence majestueuse à l'individu et rend évidente sa supériorité sociale. Au Moyen Âge, des patins s'enfilaient sur les chaussures pour les protéger de la boue, mais ils tomberont peu à peu en désuétude avec l'invention du talon.

La chaussure ne devient objet de mode que tard dans l'histoire, lorsque s'estompe sa signification symbolique et rituelle. Elle suit alors les progrès du luxe. Paradoxalement, les fragiles souliers de bal ou de cérémonie de l'époque ont subsisté, protégés par leur richesse même, alors que les grossiers souliers de cuir ont disparu. Plus la chaussure est fonctionnelle, moins elle est sensible à la mode, comme le montre bien la chaussure de travail. Mais les relations entre la chaussure et le vêtement peuvent rester méconnues ou occultées aux yeux des contemporains, les rapprochements stylistiques ne s'imposant qu'avec le recul. Aujourd'hui, la diversité des mouvements dans la mode vestimentaire s'accompagne de changements rapides dans la mode des chaussures. Les bouts et les talons sont les éléments essentiels du jeu de la mode. Bien que certaines formes soient récurrentes, le bout pointu est celui qui revient le plus souvent à travers les âges. Venu sans doute d'Orient, il atteint de telles dimensions au xve siècle, sous le nom de poulaine, qu'il est prohibé au[...]

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Bottes ou souliers fins ? - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bottes ou souliers fins ?

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  • KUMAGAÏ TOKIO (1947-1987)

    • Écrit par
    • 687 mots

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