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SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT (exposition)

L'expositionSous le soleil, exactement : Le paysage en Provence, du classicisme à la modernité (1750-1920), qui, tenue à la Vieille-Charité, à Marseille, du 18 mai au 21 août 2005, se déplaçait ensuite à Montréal, au musée des Beaux-Arts, du 22 septembre 2005 au 8 janvier 2006, a obtenu un succès populaire mérité. Elle n'abordait pas un sujet neuf. Les paysages du Midi de la France, et ceux de la côte méditerranéenne en particulier, ou encore l'école provençale qui fleurit au milieu du xixe siècle ont fait l'objet d'études approfondies et d'expositions complètes. Celle-ci proposait pourtant une problématique inédite, interrogeant à nouveau des œuvres qu'on pouvait croire connues, pour donner d'elles une vision originale.

Le parcours, imposé par les salles du bâtiment (qui servaient tout particulièrement les œuvres, disposées sur des murs colorés), était structuré chronologiquement autour de trois moments principaux. Le visiteur était d'abord confronté à une vision « classique » de la Provence, des Lumières au romantisme. Les peintres essentiellement français, parmi lesquels Hubert Robert et Joseph Vernet en donnent alors, tout en n'évitant pas le réalisme du lieu ou des personnes, une image à la fois très marquée par l'Italie, et par la composition traditionnelle fondée sur l'équilibre des éléments et l'harmonie des plans. À trois des Ports de Vernet (Toulon, Bandol, Antibes) répondaient ses Tempêtes, largement imitées par d'autres artistes. Quant à Hubert Robert, et plus tard François-Marius Granet, Jean-Joseph Xavier Bidauld ou Jean-Antoine Constantin, ils allient une description très précise, presque topographique, à une représentation idéalisée par le rendu de la lumière et le jeu des couleurs.

Une deuxième étape était réservée à l'école provençale, du second Empire aux débuts de la IIIe République, les très grands formats se trouvant magnifiés par une présentation à part, dans la chapelle. Certains noms se sont fait une place dans l'histoire de la peinture française, tels Paul Guigou, Félix Ziem et Adolphe Monticelli. D'autres, tout aussi intéressants et parfois surprenants dans leurs partis pris, ont pu faire l’objet de redécouvertes. Ces peintres ont volontairement limité leur carrière, et leurs sujets, pour l'essentiel, à la Provence seule – et souvent la Provence intérieure, celle des villes, des plaines, des collines et des montagnes, plutôt que celle de la mer et de la côte. Il s'agissait d'Émile Loubon, mais aussi de Louis-Auguste Aiguier, Prosper Grésy ou Paul Saïn.

Venaient enfin les années 1880-1920, les plus attendues : celles de Cézanne à la Sainte-Victoire et à l'Estaque, de Monet à Antibes, de Renoir sur la côte et dans les collines, de Van Gogh et Gauguin à Arles, de Signac, suivi de Matisse, découvrant Saint-Tropez, ainsi que de Dufy, Derain et Braque à Marseille et dans ses environs. Il faut féliciter les commissaires de l'exposition, Guy Cogeval et Marie-Paule Vial, qui ont aussi dirigé le catalogue (Musée des Beaux-Arts de Montréal, 2005) d'avoir, pour tous ces peintres, obtenu des prêts majeurs. L'ensemble des Cézanne (une dizaine) était de premier ordre quant à la beauté et la représentativité des toiles, et de même les Van Gogh (quatre, de la période de Saint-Rémy). Il est cependant dommage qu'après de tels sommets l'exposition se soit terminée sur des artistes mineurs au regard de ceux qui les précédaient (parmi lesquels Auguste Chabaud).

Le visiteur, au terme de ce remarquable parcours, pouvait se demander quelle en était la logique, au-delà du plaisir des yeux, et de la constitution de groupes marqués, sur un peu plus d'un siècle et demi. De fait, l'unité était d'abord celle du lieu, tous ces peintres ayant représenté d'abord la Provence.[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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