SOUS LES TOITS DE PARIS, film de René Clair

En 1927, Le Chanteur de jazz (The Jazz Singer) d'Alan Crosland, avec Al Jolson comme vedette, remporte le premier grand succès international du cinéma sonore et parlant, bien que les dialogues y soient de très courte durée (deux minutes). Le film est distribué à Paris fin 1929 après avoir triomphé aux États-Unis. La même année, le cinéma français ne peut présenter que huit films sonores et accuse alors un gros retard technique par rapport aux cinémas américain mais aussi allemand. À l'époque, René Clair s'est rendu célèbre pour ses deux derniers films muets, des vaudevilles adaptés d'Eugène Labiche : Un chapeau de paille d'Italie (1928) et Les Deux Timides (1929). Le cinéaste est allé observer à Londres les premiers succès sonores du cinéma américain dont de nombreuses comédies musicales, comme Show Boat (Harry A. Pollard et Arch Heath, 1929) ou Broadway Melody, (Harry Beaumont, 1929). Il prépare le tournage de Prix de beauté (1930) avec Louise Brooks, mais la production le remplace par Augusto Genina. Il écrit un nouveau scénario, celui de Sous les toits de Paris, et confie le rôle principal à Albert Préjean qui entame une carrière de chanteur à succès. Le thème du film va faire le tour du monde et devenir le label du cinéma français parlant et chantant.

Le succès international de Sous les toits de Paris va permettre à René Clair de réaliser quatre autres films de cette veine : Le Million et À nous la liberté (1931), Quatorze Juillet (1933), ce dernier étant une sorte de suite de son premier long-métrage sonore. Mais l'échec du Dernier Milliardaire (1934) le contraint à émigrer à Londres pour y réaliser son célèbre Fantôme à vendre (The Ghost Goes West) en 1935.

Sous les toits de Paris

Un chanteur de rue, Albert, accompagné d'un accordéoniste, entonne un air à la mode, repris par les habitants de l'immeuble. Pola, une belle étrangère à l'accent roumain vient l'écouter. Un pickpocket dérobe le porte-monnaie d'une grosse dame et veut aussi voler celui de la belle Pola, mais Albert l'en empêche. Fred, un chef de bande, courtise Pola et lui dérobe la clef de sa chambre. La jeune femme va être l'objet des manœuvres de séduction de Fred, d'Albert et de son ami Louis. Comme elle ne peut rentrer chez elle, Albert l'héberge. Mais il est arrêté par la police qui découvre dans la chambre du chanteur l'argenterie dérobée par le pickpocket et cachée là à son insu. Pendant qu'Albert séjourne en prison, Louis courtise Pola. Les deux amis, rivaux en amour, vont s'affronter, mais Pola choisit en définitive Albert et l'accompagne dans ses tours de chant en vendant les partitions.