SPÉCIALISATION ET INTÉGRATION INTERHÉMISPHÉRIQUE
Connectivité et intégration interhémisphérique par le corps calleux
Pour permettre l’intégration interhémisphérique, les différentes populations neuronales localisées dans les deux hémisphères doivent pouvoir communiquer entre elles. Les groupes de neurones qui travaillent ensemble s’organisent généralement en réseaux qui permettent la spécialisation de fonctions. Ces réseaux neuronaux s’échangent de l’information en permanence, ce qui permet l’intégration cérébrale. Les corps cellulaires des neurones, qui constituent la matière grise du cerveau, communiquent continuellement par le biais des axones, qui constituent la matière blanche. Pour permettre l’intégration cérébrale, les axones des neurones d’un réseau se regroupent pour former des faisceaux de matière blanche et connecter différentes régions cérébrales. Certains faisceaux, dont le faisceau arqué et le faisceau unciné, relient des régions situées dans un même hémisphère (communication intrahémisphérique). D’autres faisceaux, comme le corps calleux, les commissures antérieures et postérieures et le fornix, assurent la connexion interhémisphérique entre des régions, souvent homologues (« miroirs »), localisées dans les hémisphères gauche et droit.
Le corps calleux est le faisceau interhémisphérique le plus important, autant par sa taille que par sa fonctionnalité. Il a principalement été étudié chez les patients callosotomisés, qui ont subi un sectionnement partiel ou complet de leur corps calleux, réduisant significativement la communication et l’intégration interhémisphériques de l’information. Deux fonctions contradictoires, mais ayant chacune reçu un support scientifique, sont attribuées au corps calleux. D’une part, le corps calleux pourrait inhiber le message provenant des régions homologues à l’hémisphère qui est recruté dans une tâche, ce qui permettrait une réduction de l’interférence et un traitement plus efficace de l’information. Sa fonction inhibitrice permettrait ainsi de préserver la spécialisation hémisphérique. D’autre part, le corps calleux pourrait aussi avoir une fonction excitatrice lorsqu’une région activée lors d’une tâche susciterait l’activation de sa région homologue par l’intermédiaire du corps calleux. Cela permettrait un partage du traitement de l’information favorisant l’intégration interhémisphérique. En fait, il est fort probable que le corps calleux joue un rôle à la fois excitateur et inhibiteur en fonction de la nature et de la complexité de l’information à traiter ou de la tâche à accomplir. Néanmoins, d’autres études sont requises pour approfondir notre compréhension de son fonctionnement.
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Écrit par
- Laura CARON-DESROCHERS : candidate au doctorat en neuropsychologie, université de Montréal, Québec (Canada)
- Anne GALLAGHER : neuropsychologue, professeure au département de psychologie de l'université de Montréal, directrice du Laboratoire d'imagerie optique en neurodéveloppement du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, université de Montréal , Québec (Canada)
Classification
Médias