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SPECTACULAIRE SECOND EMPIRE 1852-1870 (exposition)

Le choix de l’éclectisme

Cette époque est aussi marquée par le goût pour la diversité des styles offerts à la richesse des élites. Cela est vrai de l’art du portrait qui envahit les expositions : « Le flot des portraits monte chaque année et menace d’envahir le Salon tout entier », écrit Zola en 1868. Ils sont néoclassiques avec Ingres et ses émules (Madame Moitessier, 1856, National Gallery, Londres), dans le goût naturaliste anglais avec Winterhalter, chantre des beautés de la cour impériale, expressifs et baroques avec Carpeaux, « modernes » et « dans leur milieu » avec Courbet, Manet, Tissot, Degas, Monet voire Cézanne… La photographie en plein essor répond au narcissisme ambiant, des travestissements de la comtesse de Castiglione aux études de poses de Félix Nadar et aux « portraits-cartes » de Disdéri. Cette variété se vérifie également dans l’architecture et le décor des grandes demeures emblématiques de l’époque : la maison pompéienne du prince Napoléon, avenue Montaigne (1860), les châteaux gothiques de Pierrefonds (Oise, 1862-1885), de Roquetaillade (Gironde, 1864-1879) et d’Abbadia (Pyrénées-Atlantiques, 1864-1879), les magistrales synthèses stylistiques que constituent l’hôtel de la marquise de Païva sur les Champs-Élysées (1856-1865) et le château de Ferrières (1855-1859) en Seine-et-Marne, conçu par l’Anglais Paxton pour le banquier James de Rothschild et ses collections. Le génie du second Empire est sans doute d’avoir su faire de l’éclectisme un style à part entière, comme on le voit avec l’Opéra-Garnier, suprême synthèse de l’urbanisme haussmannien et d’une véritable politique du théâtre. Cet éclectisme fait aussi la gloire des expositions universelles de 1855 et 1867, où s’accumulent les plus beaux objets produits par les savoir-faire français.

Alors que l’avènement des loisirs et de la villégiature dans les environs de Paris puis au bord de la mer, de Deauville à Biarritz, renouvelle l’inspiration des peintres (le Monet de l’Hôtel des Roches-Noires, Trouville, 1870, musée d’Orsay), le pouvoir ébranle la toute-puissance du jury du Salon, champ de bataille esthétique et espace de promotion des talents, en créant, en 1863, en marge de l’institution deux fois séculaire, un Salon des refusés. Celui-ci rebat les cartes de la création et crée un choc entre deux conceptions opposées de l’art, représentées l’une par La Naissance de Vénus de Cabanel, l’autre par le Déjeuner sur l’herbe de Manet. Il est clair que la modernité a profité de cet acte souverain.

— Robert FOHR

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<em>Madame Moitessier,</em> J. A. D. Ingres - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Madame Moitessier, J. A. D. Ingres

<em>Réception des ambassadeurs du Siam à Fontainebleau</em>, J. L. Gérôme - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Réception des ambassadeurs du Siam à Fontainebleau, J. L. Gérôme