SPÉLÉOLOGIE
Dans son acception courante, le mot spéléologie désigne les activités variées qui conditionnent ou accompagnent l'exploration des cavernes, en distinguant la spéléologie sportive, correspondant aux techniques de l'exploration des grottes, et la spéléologie scientifique, elle-même subdivisée en spéléologie physique, en biospéléologie, en archéologie souterraine... De telles distinctions ne sont nullement arbitraires, car, si les expéditions spéléologiques sont souvent réalisées par des bénévoles, la spéléologie n'est pas une activité d'esthètes. Alors que l'alpinisme, par exemple, tend à devenir un sport de compétition, la spéléologie conduit à mieux connaître plusieurs aspects scientifiques du monde souterrain des régions calcaires.
Les spéléologues ne limitent pas leur exploration à la topographie des galeries et à ses éventuelles applications (aménagements hydrauliques, tels que la chute hydro-électrique alimentée par la rivière souterraine des Eaux-Chaudes, dans les Pyrénées centrales) ; ils communiquent aux spécialistes, géologues, préhistoriens, zoologistes, leurs observations, parfois exceptionnelles : peintures préhistoriques, présence de minerais, et ils guident sur place les chercheurs intéressés. Or le scientifique, même pour un examen sommaire, s'attarde, contrôle, a besoin d'appareils. Souvent, il faut aménager la cavité avant de pouvoir l'étudier. Pour une étude métallogénique, le Bureau de recherches géologiques et minières a creusé un puits artificiel donnant accès à la rivière souterraine de Malaval, sans avoir pour cela à remonter les cascades. Certaines grottes sont équipées d'échelles rigides conduisant aux appareils climatologiques ou hydrologiques mis en place. Enfin, il arrive que les biologistes montent de véritables laboratoires souterrains permettant l'étude directe de la faune dans des conditions proches de celles de leur milieu naturel (par exemple, en France, le Laboratoire souterrain de Moulis, dans l'Ariège, unité propre de recherche du C.N.R.S.).
En contrepoint, il faut mentionner le cas de ces explorateurs trop pressés qui, ayant pénétré dans une cavité vierge, en piétinent débris archéologiques ou concrétions rares, ou encore la destruction de témoins irremplaçables, entraînée par les visites trop fréquentes de sites fragiles. L'un des rôles des associations spéléologiques est précisément de faire connaître à leurs membres les problèmes posés par la conservation des sites souterrains.
Techniques d'exploration souterraine
Objectifs
Les explorations se sont développées dès le xviiie siècle avec le mathématicien Nagel explorant, en 1748, la Macocha (136 m), ou J. L. Lloyd, en Grande-Bretagne, atteignant le fond de Eldon-Hole (60 m), en 1770. Ce que l'on pourrait appeler la spéléologie d'exploration stricto sensu, c'est-à-dire la recherche et la visite systématiques de toutes les cavités d'une région donnée, naquit en 1839 avec F. Lindner et I. Svetina qui, utilisant échelles et escaliers scellés sur paroi, visitèrent systématiquement tous les gouffres qui risquaient d'aboutir sur la rivière souterraine de la Recca, près de Trieste. A. Schmidl, dans la même région, explora, de 1849 à 1853, la Pivka souterraine (aujourd'hui en Slovénie).
C'est E. A. Martel qui a mis l'exploration souterraine à la portée du grand public. Explorateur de grande classe, il parcourt le monde de 1888 à 1913. Visitant pour la première fois de nombreuses cavités, il réalise de belles découvertes, telles que l'aven Armand et le gouffre de Padirac, et fait connaître la spéléologie par une série d'ouvrages : Les Abîmes (1894), Irlande et cavernes anglaises (1897), L'Évolution souterraine (1908), Les Causses majeurs (1936). Avec Martel, la géographie découvre un domaine[...]
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Écrit par
- Philippe RENAULT : docteur ès sciences, chargé de recherche au C.N.R.S.
- Raymond TERCAFS : maître de recherches du Fonds national Belge de la recherche scientifique.
- Georges THINÈS : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris
Classification
Médias
Autres références
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BRUNIQUEL GROTTE DE, Tarn-et-Garonne
- Écrit par Jacques JAUBERT et Sophie VERHEYDEN
- 1 847 mots
- 3 médias
...cours encaissé de l’Aveyron qui entaille les plateaux les plus méridionaux du Quercy, la grotte de Bruniquel a été découverte en février 1990 par un jeune spéléologue, Bruno Kowalscewski, de la société spéléo-archéologique de Caussade. Deux campagnes de terrain, effectuées en 1992 et 1993 par Michel Soulier...