- 1. La tentation de la polémique
- 2. L'état de la question au cours des années 1990
- 3. Le retour à l'histoire
- 4. Préliminaires
- 5. Les spoliations, les agissements de l'E.R.R.
- 6. La participation française à la spoliation par l'« aryanisation »
- 7. Le marché de l'art ou le libre jeu de l'offre et de la demande
- 8. Des ébauches de solution
- 9. Bibliographie
SPOLIATION DES ŒUVRES D'ART, France (1940-1944)
La participation française à la spoliation par l'« aryanisation »
Préalablement à cette mise en coupe réglée, les dispositions réglementaires de Vichy à l'encontre des Juifs (10 septembre 1940, second statut du 2 juin 1941) avaient atteint les œuvres d'art. L'aryanisation des biens et des entreprises appartenant à des Juifs avait conduit les administrateurs provisoires « aryens » nommés par le Commissariat général aux questions juives, prenant en main la gestion des biens immobiliers des Juifs déchus, déportés ou partis, à se saisir du reliquat du mobilier « oublié » par l'E.R.R. et à le mettre en vente à l'hôtel Drouot.
La recherche, sur ce chapitre, ne fait que commencer. Elle a déjà révélé que, à la requête de l'administrateur provisoire « aryen » Elie Pivert, les œuvres d'art et les objets négligés chez Alphonse Kann par l'E.R.R. furent vendus à Drouot en novembre 1942 et rapportèrent 1 million de francs ; ceux des Bacri, dont la vente fut échelonnée en trois vacations de janvier à mai 1943, rapportèrent 2 700 000 francs que l'administrateur provisoire versa au Commissariat général aux questions juives qui virait les fonds à la Caisse des dépôts... Pas un seul nom allemand n'apparaît dans la liste des adjudicataires des 199 lots de la vente Kann : seuls d'honorables marchands parisiens, de nombreux « puciers » et de futurs épurés se pressèrent à Drouot, attirés par l'annonce officielle qui précisait : « Vente de biens israélites Khann[sic] ». Sauver les meubles ? Se servir sur la bête ? Tous les comportements, toutes les motivations, peuvent être envisagés dans un secteur d'activité dopé par la soudaine irruption d'une telle manne et par le sentiment qu'on se la partageait entre Français.
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Écrit par
- Didier SCHULMANN : conservateur en chef du Patrimoine, conservateur au centre Georges Pompidou, chargé de la documentation de la collection du musée national d'art moderne
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