SPONTANÉITÉ
Ce qui est « spontané » se produit par l'initiative propre d'un agent, sans être l'effet d'une cause extérieure, sans être une réaction ou une réponse à un stimulus quelconque.
Selon la définition classique de Leibniz, est spontané ce dont le principe est dans l'agent. Être doué de spontanéité, c'est être la source originelle d'actions ou de manifestations. C'est à peu près être libre (Leibniz, Théodicée, paragraphe 59 : « Il y a une spontanéité merveilleuse en nous, laquelle, dans un certain sens, rend l'âme dans ses résolutions indépendante de l'influence physique de toutes les autres créatures »), pouvoir inaugurer dans l'ordre de l'action, être autonome.
Le sens courant est plus restreint ; il exige qu'on distingue selon les domaines.
En biologie, on a désigné par génération spontanée le phénomène conjecturé d'une venue d'êtres à l'existence sans germes spécifiques préexistants. Une controverse célèbre opposa, vers 1860, Pasteur à certains membres de l'Institut sur cette théorie. Les expériences de Pasteur ont mis fin au mythe de la génération spontanée.
En psychologie expérimentale, on oppose souvent ce qui est spontané à ce qui est réflexe.
En psychanalyse, on demande au sujet de se livrer à des associations spontanées de mots et d'idées (ce qui signifie : en dehors d'un contrôle critique et d'une production volontaire et orientée).
En psychologie courante, la capacité d'être spontané s'oppose au fait d'être inhibé ; le premier mouvement est aussi ce qui n'est ni réfléchi ni calculé.
En pédagogie, on peut choisir de laisser se développer l'expressivité spontanée de l'enfant, sans nulle « directivité ».
En esthétique, l'expression spontanée s'oppose à ce qui est laborieusement conçu et médité, minutieusement exécuté (ainsi l'action painting).
En politique, on parle de la spontanéité des masses (soulèvement spontané, grève « sauvage », etc.), entendant par là leur capacité d'agir d'une part indépendamment d'une autorité antérieurement établie, d'autre part sans instigation de meneurs, enfin sans concertation préalable.
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Écrit par
- Françoise ARMENGAUD : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes
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