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SPORT L'année 2010

Cyclisme : fleurets mouchetés (et clenbuterol ?) dans le Tour de France

L' ambiance amicale qui régnait sur le podium final du Tour de France aux Champs-Élysées pouvait laisser penser qu'il y avait deux vainqueurs, Alberto Contador et Andy Schleck. Certes, sans l'incident mécanique dans la montée du port de Balès qui lui a coûté 39 secondes – soit l'exact écart final entre les deux hommes –, Andy Schleck eut été classé dans le même temps qu'Alberto Contador et l'aurait même devancé de quelques millièmes de seconde. Mais l'histoire du cyclisme ne devrait retenir a priori qu'un nom, celui du vainqueur, Alberto Contador. Le Tour de France 2010 peut donc se résumer à un duel, mais à fleurets mouchetés. En effet, Alberto Contador et Andy Schleck n'ont cessé de mettre en avant leur amitié. Il est certes possible de se réjouir de ce fair-play, mais on peut aussi déplorer ce manque d'agressivité, à l'image du regretté Laurent Fignon, qui déclarait : « Le cyclisme ne doit pas être un sport de copains. La compétition doit être sans pitié. »

Pourtant, en défiant Contador dans la montée du col de la Madeleine, le plus jeune des frères Schleck donna l'illusion que la Grande Boucle serait marquée par un affrontement féroce, digne des grands duels d'antan. Cette première passe d'armes eut pour effet de distancer tous les rivaux du Luxembourgeois et de l'Espagnol, mais elle resta sans lendemain. Schleck eut bien une légère réaction de mauvaise humeur quand Contador le déposséda du maillot jaune à Bagnères-de-Luchon à la suite du saut de chaîne qui lui coûta 39 secondes, mais Contador fit acte de repentance par l'intermédiaire d'Internet, puis Schleck demanda devant les caméras des télévisions au public d'arrêter de huer l'Espagnol. Enfin, l'ultime affrontement en montagne, dans le col du Tourmalet, ne permit pas aux deux protagonistes de se départager, et Contador offrit la victoire d'étape à Schleck... Nous sommes bien loin des duels épiques qui opposèrent Gino Bartali à Fausto Coppi, Jacques Anquetil à Raymond Poulidor, Eddy Merckx à Luis Ocaña, Bernard Hinault à Laurent Fignon et même Alberto Contador à Lance Armstrong en 2009.

Chacun se réjouissait néanmoins d'un fait nouveau : durant trois semaines, il fut question de sport cycliste, de stratégie, de faits de course, mais, pour la première fois depuis des lustres, personne n'avait évoqué le dopage... Hélas ! moins de trois mois plus tard, Alberto Contador était soupçonné de dopage (traces minimes de clenbuterol dans les urines). Contador fut d'abord suspendu 1 an, avant d'être « blanchi » par la Fédération espagnole. Néanmoins, l'U.C.I. ou l'Agence mondiale antidopage pouvaient faire appel de cette décision.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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