SPORT L'année 2000
Jeux Olympiques de Sydney : l'olympisme sur la bonne voie
Lors de son discours de clôture des XXIVes jeux Olympiques d'été de Sydney, le 1er octobre 2000, Juan Antonio Samaranch, président du C.I.O., a prononcé la phrase rituelle : « Les meilleurs Jeux de tous les temps. » Sciemment, il ne l'avait pas fait à Atlanta en 1996. Il faut convenir que, sur bien des plans, les jeux Olympiques de Sydney furent une grande réussite. Un public nombreux (plus de 5 millions de spectateurs, ce qui représente près du tiers de la population de l'Australie, ont assisté aux épreuves) et manifestant sans retenue son enthousiasme, surtout lorsque les Australiens s'imposaient, mais sans accent de chauvinisme, contrairement aux Américains à Atlanta. Ni boycottage ni attentat. Peu de décisions contestables de la part des juges dans les différents sports. Des compétitions de qualité, notamment en natation. Une volonté affichée de lutter contre le dopage, même si le chemin est encore long. Autant d'éléments encourageants après une olympiade marquée par l'omnipotence de l'argent et les affaires de corruption.
Dès la cérémonie d'ouverture, le 15 septembre 2000, le ton était donné. Un hommage appuyé, à défaut de demande de pardon, rendu par l'Australie blanche à ses premiers habitants, les Aborigènes, quand Cathy Freeman embrasa la vasque olympique. Un hommage aussi à la femme – l'avenir du sport –, puisque six gloires féminines du sport australien se sont relayées sur le stade pour transmettre la torche à Cathy Freeman. Cent quatre-vingt-dix-neuf délégations, dont celles des Corées du Nord et du Sud défilant conjointement ; des représentants de Timor oriental derrière le drapeau aux cinq anneaux : le message de paix de l'olympisme.
Sur le front du dopage, il semble qu'on commence à cesser de se voiler la face. L'Australian Government Analytical Laboratories, chargé d'effectuer les contrôles, a recruté cinquante scientifiques pour la durée des Jeux, ce qui a permis d'analyser plus de 2 000 échantillons ; l'EPO a été recherchée ; vingt-sept sportifs chinois ont été retirés de la sélection olympique avant les Jeux pour « problèmes lors de prises de sang » – mais il est vrai que la Chine ne pouvait guère se permettre d'écarts en la matière en raison de la candidature de Pékin à l'organisation des Jeux de 2008 ; la Roumaine Raducan a dû rendre sa médaille d'or conquise lors du concours général de gymnastique ; et l'on n'a pas caché que l'Américain C. J. Hunter avait été contrôlé positif à la nandrolone à la fin de juillet, au risque de déstabiliser son épouse, Marion Jones, dans la quête de ses cinq médailles olympiques. Mais tout ne va pas dans le bon sens. La Fédération américaine d'athlétisme est montrée du doigt : selon le Suédois Arne Ljunqvist, président de la commission médicale de l'I.A.A.F., de douze à quinze athlètes américains auraient été convaincus de dopage durant les dix-huit mois précédant les Jeux, ce que la Fédération américaine n'a pas révélé. Pour avoir eu trois de ses représentants contrôlés positifs, toute l'équipe bulgare d'haltérophilie a été dans un premier temps exclue des Jeux ; moyennant le paiement d'une amende de 50 000 dollars, elle a été autorisée par le Tribunal arbitral du sport à reprendre les compétitions. Enfin, le rapport des onze délégués de l'Agence mondiale antidopage présents à Sydney insiste sur un point inquiétant : 618 sportifs participant aux Jeux avaient absorbé, en toute légalité, des substances prohibées, telles que le stalbutamol, la terbutaline ou le salmeterol, généralement destinées à traiter l'asthme. Mais ils avaient présenté des certificats signés par les médecins d'équipes et enregistrés par la commission médicale du C.I.O...[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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