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SPORT L'année 2001

Olympisme : le sens de l'histoire ?

Le 13 juillet 2001 à Moscou, le Comité international olympique (C.I.O.) a attribué l'organisation des Jeux d'été de 2008 à Pékin. Une décision rapide et nette : dès le second tour de scrutin, les membres du C.I.O. ont donné la victoire à Pékin par 56 voix, contre 22 à Toronto, 18 à Paris et 9 à Istanbul. À l'issue de la présentation de leur programme, les Chinois avaient demandé aux membres du C.I.O. d'aller « dans le sens de l'histoire ». Ils ont été écoutés. On peut certes penser qu'un pays qui rassemble près du quart de la population de la planète est digne d'organiser les Jeux. On aurait aussi pu estimer qu'un État qui vit au rythme de la campagne Yan da (« Frapper fort »), orchestrée par le Parti communiste, avec ses deux cents exécutions capitales hebdomadaires, n'a cure des valeurs de l'olympisme. Mais, au C.I.O., « on ne fait pas de politique », et tant pis pour les droits de l'homme. Par ailleurs, 22 des 37 sites destinés à accueillir les épreuves sportives restent à construire (les 15 autres nécessitant d'importantes rénovations), Pékin doit pallier son manque de moyens de transports et de télécommunications et se trouve confronté à un problème de pollution considérable, sans qu'aucune politique environnementale ne soit mise en œuvre pour y remédier. Et peut-on passer sous silence le fait que les sportifs chinois se trouvent souvent sous les feux de l'actualité, depuis plusieurs années, en ce qui concerne les problèmes de dopage ? Enfin, les Chinois ont officiellement annoncé un budget de 1,609 milliard de dollars pour financer l'organisation des Jeux, mais les estimations sérieuses évaluent celui-ci à quelque 20 milliards de dollars. En 2008, l'Empire du Milieu sera peut-être devenu un exemple de démocratie et un grand pays modernisé, et le C.I.O. aura apporté sa contribution au « sens de l'histoire », comme il l'avait fait en confiant les Jeux de 1936 à l'Allemagne de Hitler, ceux de 1980 à l'U.R.S.S. de Brejnev ou, dans un autre registre, ceux de 1996 à l'« empire Coca-Cola ».

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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