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SPORT L'année 2002

Football : la Coupe se mondialise, mais le Brésil est éternel

Brésil-Allemagne, telle était l'affiche, le 30 juin 2002 à Yokohama, de la finale de la XVIIe Coupe du monde de football, la première du xxie siècle, et aussi la première organisée sur le continent asiatique. Un aboutissement logique, puisque la rencontre opposait les deux « géants » de l'histoire du football (4 titres mondiaux, 6 finales pour le Brésil ; 3 titres, 6 finales pour l'Allemagne) ? Il s'agissait plutôt d'un ultime clin d'œil au xxe siècle et l'on peut parler de surprise. Aucune de ces deux formations, en effet, n'avait les faveurs des pronostics : la Seleçao, qui semblait avoir perdu son football depuis un certain 12 juillet 1998, avait dû attendre le dernier de ses dix-huit matchs pour se qualifier, difficilement, dans la zone sud-américaine ; l'Allemagne, de son côté, n'avait obtenu sa place en Asie qu'après deux matchs de barrage face à l'Ukraine. Selon les propres termes de son sélectionneur, Rudi Völler, la seule ambition de la Mannschaft était de passer le premier tour et de préparer l'édition de 2006, que l'Allemagne organisera.

Grâce à deux buts de Ronaldo, son « phénomène » retrouvé, le Brésil a remporté cette finale (2-0). Tout un peuple a fêté la « penta », la cinquième étoile qui orne désormais le maillot auriverde. On peut regretter que le premier but ait été inscrit à la suite d'une erreur du gardien allemand Oliver Kahn, qui, grâce à son talent, avait permis à son équipe de se hisser jusque-là.

Pour le reste, cette Coupe du monde fut sans doute la plus surprenante de l'histoire. Elle restera marquée par la déroute des principaux favoris, et tout d'abord de l'équipe de France : aucune victoire, aucun but inscrit, une élimination dès le premier tour, jamais un champion en titre n'avait présenté un bilan aussi médiocre. Les raisons de ce cuisant échec sont multiples, l'absence de Robert Pires et la blessure de Zinédine Zidane, privé des deux premières rencontres, ne suffisant pas à expliquer pareil fiasco. Une équipe vieillissante ? Des stars trop occupées à honorer leurs contrats publicitaires et à valoriser leur image ? Une préparation bâclée ? En tout cas, des joueurs exténués par une saison au calendrier pléthorique. L'avenir nous dira s'il s'agissait d'un accident – certes grave – ou de la fin de la plus brillante aventure du sport français. Quant à Roger Lemerre, loué pour la qualité de son coaching durant l'Euro 2000, il s'est vu reprocher, pêle-mêle, sa rigidité dans ses options tactiques, son manque de faculté d'adaptation aux circonstances, son déficit relationnel avec ses internationaux et un discours ambigu alors que les contre-performances des Bleus s'enchaînaient. Le 5 juillet 2002, le conseil fédéral de la Fédération française de football a « déchargé Roger Lemerre de sa mission de sélectionneur ». Jacques Santini lui a succédé le 19 juillet.

D'autres favoris n'ont guère mieux réussi : l'Argentine, que les pronostiqueurs plaçaient sur le même piédestal que l'équipe de France, connut un sort identique (l'élimination au premier tour), tout comme le Portugal, un outsider souvent cité ; l'Italie disparaissait dès les huitièmes de finale (battue par la Corée du Sud, 2-1) ; l'Angleterre (défaite face au Brésil, 2-1) et l'Espagne (éliminée par la Corée du Sud, 0-0, 5 tirs au but à 3) s'arrêtaient en quarts de finale.

Au fil des rencontres, des équipes inattendues ont affirmé un talent insoupçonné, symptôme d'une réelle « mondialisation » du football. Ainsi, en quarts de finale, cinq confédérations étaient représentées : Europe (Allemagne, Angleterre, Espagne et la surprenante Turquie, qui finira troisième)[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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