SPORT L'année 2004
Sur le plan sportif, 2004 peut être vue comme l'année de la Grèce : son équipe nationale de football a remporté l'Euro, à la surprise générale ; les XXVes jeux Olympiques d'été se sont tenus sur son sol, à Athènes, du 13 au 29 août, et furent une inattendue réussite. Mais elle peut aussi se voir considérée – plus encore que les années précédentes – comme celle de Michael Schumacher et de Lance Armstrong. En 2003, le pilote allemand avait dû repousser les assauts du Colombien Juan Pablo Montoya et du Finlandais Kimi Räikkönen et attendre le dernier grand prix de la saison pour obtenir son sixième titre de champion du monde de formule 1. En 2004, il a dominé comme jamais : à l'issue du Grand Prix de Belgique, le 29 août, il était déjà mathématiquement sacré champion du monde, alors que quatre courses demeuraient au programme ; il a remporté treize des dix-huit grands prix. La suprématie de Michael Schumacher et de Ferrari a certes rendu le spectacle fade, mais peut-on reprocher au « Baron rouge » son talent, son professionnalisme, et à la Scuderia Ferrari de savoir mieux s'adapter que les écuries concurrentes aux modifications de la réglementation et de mieux gérer la stratégie en course ? Le « cas » Armstrong est un peu semblable. En 2003, l'Américain avait dû puiser au plus profond de lui-même pour rejoindre le cercle fermé des quintuples vainqueurs du Tour de France, après une lutte acharnée avec Jan Ullrich. En 2004, il a écrasé tous ses rivaux (le deuxième, l'Allemand Andreas Klöden, comptera un retard de 6 min 19 s), devenant le premier champion à remporter six fois la Grande Boucle : impérial en montagne, dominateur contre la montre, Lance Armstrong s'est adjugé cinq victoires d'étape individuelles, auxquelles s'ajoute le succès dans le « chrono » par équipes. Là encore, le public s'est montré déçu par ce triomphe trop facile. Mais ne devrait-il pas plutôt blâmer ses rivaux, trop vite résignés, à l'image de l'Italien Ivan Basso (troisième à 6 min 40 s), très satisfait d'occuper une place sur le podium ?
Biathlon
La saison a été dominée par une équipe peu commune. Il ne s'agit en effet pas d'une formation nationale, mais d'un couple franco-norvégien : le « Team Poirée », qui a engagé à ses frais une structure complète de préparation. Raphaël et Liv Grete Poirée ont tous deux remporté la Coupe du monde. Lors des Championnats du monde, le Français a obtenu cinq médailles (dont 3 d'or) en cinq épreuves, tandis que son épouse norvégienne raflait quatre médailles d'or. Si le biathlon demeure une discipline confidentielle en France, c'est un sport majeur en Norvège, où Raphaël et Liv Grete Poirée connaissent une immense notoriété.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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