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SPORT L'année 2004

Jeux Olympiques d'Athènes : une réussite inattendue

En confiant l'organisation des XXVes jeux Olympiques d'été à Athènes, le 5 septembre 1997, le C.I.O. avait voulu envoyer un signe fort : retourner aux sources de l'olympisme, après des Jeux d'Atlanta marqués, en 1996, par le gigantisme et la primauté de l'économie de marché sur les valeurs sportives.

Mais, longtemps, le mouvement olympique a pu craindre que la capitale hellène ne puisse tenir son pari : à cent jours du début des compétitions, seuls quinze des trente-sept chantiers ouverts étaient achevés. De plus, dans un contexte international où la menace terroriste est constante, la sécurité des Jeux serait-elle garantie ? En définitive, en « courant un marathon au rythme d'un sprint », selon les propres termes de la présidente du comité d'organisation, Gianna Angelopoulos-Daskalaki, tous les travaux ont été terminés à temps. Par ailleurs, grâce à une mobilisation sans précédent en matière de sécurité (70 000 hommes, 1 200 caméras de surveillance, 10 hélicoptères de l'armée et de la police, 8 avions Awacs de l'O.T.A.N.), la sécurité des Jeux fut assurée. Lors de la cérémonie de clôture, Gianna Angelopoulos-Daskalaki a pu féliciter ses compatriotes : « Nous avons montré au monde les grandes réalisations dont les Grecs sont capables. La Grèce a été un pays modèle pour les Jeux. » Cette autosatisfaction doit néanmoins être tempérée, car cette réussite a un coût : la Grèce a dû débourser environ 10 milliards d'euros pour organiser les Jeux ; le dispositif de sécurité a engendré une dépense de 1,2 milliard d'euros. De plus, ces Jeux n'ont pas connu l'engouement populaire escompté : plus de 2 millions de billets n'ont pas trouvé preneur. À l'arrivée, le déficit s'élève à quelque 7 milliards d'euros. Une question doit donc être posée : un petit pays comme la Grèce (11 millions d'habitants, un P.N.B. de 12 000 euros par habitant) pourra-t-il dans l'avenir organiser les jeux Olympiques, devenus une entreprise colossale ?

Dans son discours de clôture, Jacques Rogge, président du C.I.O., insista sur les progrès de la lutte antidopage : « Ce furent les Jeux où il a été le plus difficile de tricher et où les athlètes propres ont été le mieux protégés. » Le Code mondial antidopage est entré en vigueur le 30 juillet 2004 et a été appliqué rigoureusement : vingt-cinq dossiers ont été instruits ; les deux stars de l'athlétisme grec – Kostantinos Kenteris et Ekaterini Thanou –, qui avaient tenté de se soustraire à un contrôle, n'ont pas participé aux Jeux ; trois « champions olympiques » d'athlétisme ont dû rendre leur médaille d'or. Mais, là aussi, l'optimisme doit être tempéré. Les sportifs sanctionnés sont majoritairement issus d'Europe de l'Est et ont été pris pour usage de produits dont on sait qu'ils sont faciles à déceler (stanozolol, anabolisants, diurétiques) ou en tentant de frauder avec des méthodes datant des années 1970. Ce sont en quelque sorte des dopés « pauvres ». Le problème des substances issues de la haute technologie pharmaceutique et impossibles à déceler (le « dopage des riches ») reste donc entier. Deux signes encourageants doivent cependant être mis en avant : les États-Unis, traumatisés par l'affaire Balco qui éclabousse plusieurs de leurs champions, semblent enfin décidés à s'impliquer dans le combat contre le dopage ; les Chinois ont sans doute arrêté de jouer les apprentis sorciers.

Sur le plan purement sportif, les États-Unis (35 médailles d'or, 103 au total) demeurent la première puissance mondiale. Mais ils sont désormais talonnés par la Chine (32 médailles d'or, 63 médailles au total), qui présentait pourtant une délégation jeune[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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