SPORT L'année 2005
Le sport français a connu deux journées particulières, médiatisées à outrance, en 2005. Le 6 juillet, le Comité international olympique (C.I.O.) préférait Londres à Paris pour organiser les Jeux d'été de 2012, et la morosité des Français se serait amplifiée. Le 3 août, Zinédine Zidane annonçait son retour chez les Bleus, et la population aurait « retrouvé le moral ». Si le sport est devenu un élément omniprésent de notre monde moderne, il faut savoir raison garder... Toujours est-il que les Jeux de 2012 se ne se tiendront pas à Paris et que l'équipe de France de football disputera la Coupe du monde 2006 en Allemagne. Mais l'année 2005 aura été surtout marquée par la fin – provisoire – de l'ère Schumacher en formule 1 et celle – définitive – de l'époque Armstrong sur le Tour de France cycliste.
Athlétisme : les enseignements des Championnats du monde d'Helsinki
Plus que d'analyser en détail les performances, néanmoins d'un bon niveau (3 records du monde féminins battus : Olimpiada Ivanova [Russie], 20 km marche, 1 h 25 min 41 s ; Elena Isinbaeva [Russie], saut à la perche, 5,01 m ; Osleidys Menendez [Cuba], lancer du javelot, 71,70 m), il est intéressant de noter que les Championnats du monde d'athlétisme, qui se sont tenus du 6 au 14 août 2005 à Helsinki, ont confirmé et même accentué ce qu'on avait constaté aux jeux Olympiques d'Athènes en 2004 : affirmation d'une nouvelle génération, domination des États-Unis, spécialisation par continent des disciplines.
Alors que, souvent, les Championnats du monde qui se déroulent une année postolympique voient s'éclipser les vedettes de Jeux, ce ne fut pas le cas cette fois-là. La seule absence de marque fut celle du Marocain Hicham El Guerrouj, qui s'est accordé une année de repos et songerait à mettre un terme à sa carrière. Toute une génération de jeunes champions qu'on avait découverts à Athènes ont confirmé leur valeur à Helsinki. Côté masculin, citons les Américains Justin Gatlin (né en 1982, 100 m, 9,88 s, et 200 m, 20,04 s) et Jeremy Wariner (né en 1984, 400 m, 43,93 s), le Russe Youri Borzakovski (né en 1981, deuxième du 800 m), l'Éthiopien Kenenisa Bekele (né en 1982, 10 000 m), le Français Ladji Doucouré et le Chinois Liu Xiang (nés l'un et l'autre en 1983, premier [13,07 s] et deuxième [13,08 s] du 110 m haies). Côté féminin, mentionnons les Américaines Lauryn Williams (née en 1983, 100 m, 10,93 s) et Allyson Felix (née en 1985, 200 m, 22,16 s), l'Éthiopienne Tirunesh Dibaba (née en 1985, 5 000 et 10 000 m), la Russe Elena Isinbaeva (née en 1982, perche), la Suédoise Carolina Klüft née en 1983, heptathlon). Dix champions olympiques d'Athènes ont été sacrés champions du monde à Helsinki, trente-huit médaillés de 2004 l'ont été de nouveau en 2005.
Au bilan par nations, la domination des États-Unis s'accentue : quatorze médailles d'or (contre 8 à Athènes) et un total de vingt-cinq médailles (contre 24 en Grèce). Si la Russie (7 médailles d'or, 20 médailles au total) maintient son rang, les nations européennes traditionnellement fortes sont en net recul : l'Allemagne (1 médaille d'or, 5 médailles au total) occupe la douzième place ; la Grande-Bretagne (1 médaille d'or, 2 médailles de bronze) est seizième ; l'Italie (1 médaille de bronze) est trente-troisième.
L'autre enseignement fort de ces compétitions est l'accentuation de la spécialisation « continentale » des différentes disciplines : le sprint est le domaine des Amériques, le fond, celui de l'Afrique, les lancers, celui de l'Europe. En sprint (du 100 m au 400 m haies), les Amériques obtiennent vingt-quatre des trente médailles décernées à titre individuel (contre 21 sur 30 à Athènes). En demi-fond et en fond (du[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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