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SPORT L'année 2005

Cyclisme : la fin de l'ère Armstrong

Le 24 juillet 2005, Lance Armstrong remportait le Tour de France pour la septième fois consécutivement, avant de mettre un terme à sa carrière sportive. Pour s'adjuger son ultime Grande Boucle, il aura appliqué à la perfection une méthode parfaitement rodée depuis 1999 : s'entourer d'une équipe entièrement dévouée à sa personne, répondre présent aux rendez-vous qu'il se fixe depuis sept ans (étapes contre la montre, première arrivée en altitude), enfin contrôler la course. Parmi ses huit équipiers de la formation Discovery Channel, il pouvait notamment s'appuyer sur Paolo Savoldelli, le vainqueur du Giro, le grand espoir ukrainien Yaroslav Popovych et l'étonnant Américain George Hincapie. Lance Armstrong a commencé par humilier son rival désigné, Jan Ullrich, dès le premier jour, en le rejoignant (il était parti 1 minute après lui) lors du court contre-la-montre Fromentine - Noirmoutier-en-l'Île (19 km). Ensuite, dans les Alpes, il s'appuya sur l'armada Discovery Channel lors de l'étape Grenoble-Courchevel, première arrivée en altitude, pour éparpiller ses principaux adversaires, même s'il connut un petit revers en se faisant devancer sur la ligne par l'Espagnol Alejandro Valverde. Il contrôla alors la course avant de s'imposer lors du second contre-la-montre, à Saint-Étienne. Un scénario connu de tous et suivi à la lettre.

Lance Armstrong quitte néanmoins le peloton entouré d'un malaise. Sur le podium des Champs-Élysées, il s'adressa, un brin désabusé et sans émotion, au public et aux médias, et crut devoir en quelque sorte justifier son écrasante domination : « ... Je voudrais adresser un message aux gens qui ne croient pas au cyclisme, aux cyniques, aux sceptiques, je suis navré qu'ils ne croient pas au miracle, au rêve. » Si L'Américain présente le plus beau palmarès qui se puisse imaginer sur la Grande Boucle, il n'a pu ni lever le voile de suspicion qui entoure ses performances, ni gagner le cœur du public. Pourquoi cette suspicion ? Lance Armstrong a vaincu le cancer, et il semblait impossible qu'il puisse remporter le Tour de France. Or il le gagna pour la première fois en 1999, l'année qui suivit l'affaire Festina : dès lors, il était évident que la suite de sa carrière serait empreinte d'une rumeur de dopage. Rappelons sur ce point que Lance Armstrong a subi de multiples contrôles antidopage, tous négatifs. Néanmoins, des analyses a posteriori prouveraient, selon des informations semble-t-il fiables publiées par le quotidien L'Équipe le 23 août 2005, que Lance Armstrong aurait eu recours à l'EPO (indétectable à l'époque) lors du Tour de France 1999. Pourquoi n'a-t-il pas pu gagner le cœur du public ? D'abord – et c'est peut-être là l'essentiel –, il ne s'agissait pas pour lui d'un objectif. Ensuite, quand un champion domine trop son époque, une lassitude s'installe immanquablement. Enfin, contrairement à tous les plus grands champions de l'histoire de la Grande Boucle, il ne connut jamais la défaillance. Mais l'Américain eut aussi la « malchance » de ne pas avoir d'adversaire à sa hauteur. Seul Jan Ullrich prétendait vouloir le battre, et il ne fut jamais – sauf en 2003 – en mesure de justifier ses ambitions.

La retraite de Lance Armstrong va bien sûr modifier le scénario du Tour de France. Elle va peut-être donner également un nouveau souffle au cyclisme. En effet, les prétendants à sa succession sont nombreux, et tous ne feront pas de la Grande Boucle leur unique objectif. Si Jan Ullrich, vainqueur en 1997, mettra sans doute en œuvre toute son énergie pour remporter un second succès dans le Tour, les Italiens (Ivan Basso, Damiano Cunego, Paolo Savoldelli) ne peuvent faire l'impasse sur le[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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