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SPORT L'année 2005

Olympisme : Londres 2012, les limites d'un système

Le 6 juillet 2005 à Singapour, le C.I.O., lors de sa cent dix-septième session, a attribué à Londres, au quatrième tour de scrutin, par 54 voix contre 50 pour Paris, l'organisation des XXVIIes jeux Olympiques d'été, qui se tiendront en 2012. Ce fut une immense déception pour le monde du sport français, pour la population – 87 p. 100 des Français s'étaient déclarés favorables à la tenue des Jeux à Paris en 2012 (sondage L'Équipe-Louis-Harris, mars 2005) –, provoquant un sentiment d'injustice, exprimé ainsi par le ministre français des Sports, Jean-François Lamour, le soir même : « On ne parle pas vraiment la même langue avec le C.I.O. »

Une telle issue semblait inimaginable le 18 juillet 2004. Ce jour-là, le C.I.O. validait la candidature de cinq villes (Paris, Londres, New York, Madrid et Moscou) pour participer à la course à l'organisation des Jeux de 2012. Le dossier de Londres, qui proposait alors un projet consistant à organiser les compétitions dans les lieux les plus prestigieux de la ville, sans réelles perspectives de développements ultérieurs, avait alors été jugé sévèrement par les membres du C.I.O. Dès le lendemain, Londres réagissait : Sebastian Coe, double champion olympique du 1 500 mètres (1980 et 1984), membre de la première commission des athlètes du C.I.O. mise en place en 1981 par Juan Antonio Samaranch et ancien député conservateur, succédait à la femme d'affaires américaine Barbara Cassini à la tête du comité de la candidature londonienne. Sous l'impulsion de l'ancien miler, compétiteur-né, personnage charismatique, estimé par le monde du sport, rompu aux joutes politiques et médiatiques, connaissant parfaitement les rouages du C.I.O., Londres allait modifier complètement son projet – logiquement, pour répondre à la charte du C.I.O. –, mais aussi ses méthodes de « séduction » – ce qui est plus discutable. Le 6 juin 2005, la commission d'évaluation du C.I.O. accordait au dossier de Londres, tout comme à celui de Paris, le label de « très grande qualité ». Paris demeurait la ville favorite, mais Londres s'affirmait comme un outsider redoutable. Et il convenait de ne pas oublier Madrid, appuyée par Juan Antonio Samaranch, pourtant tenu à un devoir de réserve en tant que président d'honneur du C.I.O.

Si les dossiers de Londres et de Paris étaient d'une qualité équivalente, celui de Londres présentait néanmoins un défaut : il était totalement virtuel, le parc olympique, prévu dans Lower Lea Valley, quartier défavorisé de l'Est londonien, n'étant encore qu'une friche et les transports devant être complètement rénovés (pour un coût de 26 milliards d'euros). Partie de loin, Londres allait donc s'imposer sur le fil. Les méthodes employées pour arriver à ce résultat comme le déroulement du scrutin devraient pourtant amener une nouvelle fois le mouvement olympique à se remettre en cause, si c'est encore possible, et Jacques Rogge, président du C.I.O., à se poser la question de son autorité. En effet, il avait fait adopter, lors de la cent quinzième session du C.I.O., tenue à Prague en 2003, une charte de 117 articles destinée notamment à lutter contre le gigantisme, à écarter les risques de corruption, à interdire les attaques entre villes candidates et à amoindrir l'influence du lobbying. Or c'est le projet de loin le plus onéreux (15,795 milliards de dollars, contre 6,205 milliards pour Paris) qui l'a emporté. Selon le président Rogge, toutes les villes candidates ont respecté les règles. Que penser alors de la proposition faite en avril 2005 par Londres aux 202 comités olympiques nationaux de leur offrir 50 000 dollars pour que leurs sportifs puissent venir s'entraîner à Londres avant 2012 ? des propos de Sebastian Coe critiquant certaines[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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