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SPORT L'année 2006

Jeux Olympiques d'hiver : manque de passion et succès des outsiders

La cérémonie d'ouverture des Jeux de Turin, conçue par le producteur Marco Balich, s'intitulait Les Étincelles de la passion. Au terme des compétitions, on retiendra précisément que cette édition a singulièrement manqué... de passion. On n'a jamais retrouvé la flamme qui brillait à Albertville en 1992 ou ce public qui communiait avec les champions à Lillehammer en 1994, ni même le brin d'émotion qui se manifestait à Salt Lake City en 2002 en raison du contexte politique international. Pourquoi cette tiédeur ? Tout d'abord, la dispersion des sites (3 villages olympiques, 7 lieux de compétition) a nui à la cohésion des Jeux. Si Turin affichait un visage festif, avec l'organisation de nuits blanches quelque peu décalées par rapport à l'événement sportif, les épreuves de montagne ont davantage ressemblé à une succession de Championnats du monde qu'à un rendez-vous olympique. Ensuite, le public n'a pas répondu présent – mais il faut souligner que le prix des places pouvait décourager nombre de spectateurs potentiels et qu'il était très difficile de rejoindre les divers sites. Enfin, le choix du C.I.O. de multiplier les épreuves en ajoutant au programme, au fil des éditions, des disciplines dérivées des X Games (snowboard, ski freestyle...), grand rassemblement de la « glisse » très populaire en Amérique du Nord, montre clairement qu'on privilégie désormais les télévisions, les bailleurs de fonds de l'événement. Pour mémoire, on comptait quarante-six épreuves à Calgary en 1988, quatre-vingt-quatre à Turin.

De plus, aucun champion charismatique – à l'image de Jean-Claude Killy, Katarina Witt, Björn Daehlie ou Ole Einar Björndalen naguère – n'a marqué ces Jeux de son empreinte. En effet, les athlètes qui prétendaient vouloir multiplier les victoires n'ont pas tenu leurs objectifs, laissant la vedette à de nombreux outsiders. Le Norvégien Ole Einar Björndalen visait cinq médailles d'or en biathlon ; il s'est contenté de deux médailles d'argent et une de bronze. L'Américain Chad Hedrick avait la même ambition en patinage de vitesse ; il repart avec seulement trois médailles, dont une d'or. Son fantasque compatriote Bode Miller devait dominer le ski alpin ; il a fait chou blanc. D'autres favoris ont également manqué leur rendez-vous : en combiné nordique, le Finlandais Hannu Manninen, qui règne sur la discipline depuis plusieurs années, ne s'est jamais trouvé en mesure de lutter pour une médaille ; en saut à skis, le Finlandais Janne Ahonen a laissé la vedette aux jeunes Autrichiens Thomas Morgenstern et Andreas Kofler.

Biathlon. Le semi-échec d'Ole Einar Björndalen s'est doublé de celui de son rival annoncé, le Français Raphaël Poirée (une médaille de bronze). Les Allemands ont en revanche tiré leur épingle du jeu : Michael Greis, le moins connu d'entre eux, s'adjuge trois médailles d'or, tandis que Sven Fischer remporte enfin, à trente-cinq ans, une médaille d'or à titre individuel. L'Allemande Kati Wilhelm obtient trois médailles, mais une seule en or.

Bobsleigh. Le grand favori, l'Allemand Andre Lange, a, lui, tenu son rang : il remporte les deux épreuves ; l'Allemand de l'Est Wolfgang Hoppe était le dernier à avoir réussi cet exploit, en 1984.

Hockey sur glace. Les surprises se sont multipliées tout au long du tournoi masculin. Le Canada (battu par la Russie, 2-0) et les États-Unis (dominés par la Finlande, 4-3) ont été éliminés dès les quarts de finale, ce qui prouve que réunir une pléiade de stars issues de la N.H.L. ne suffit pas à former une équipe compétitive. La Russie et la République tchèque n'ont pas profité de l'occasion, et le titre est allé à la Suède de Peter Forsberg (déjà champion[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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