SPORT L'année 2007
Point d'orgue de l'année 2007 sur le plan sportif, la VIe Coupe du monde de rugby, organisée en France, fut une grande réussite populaire et un succès économique (24 millions d'euros de bénéfices). Néanmoins, le jeu proposé s'avéra souvent de piètre qualité, ce qui devrait amener les instances internationales à se poser les bonnes questions concernant l'évolution éventuelle de certaines règles.
Le fléau du dopage continue de sévir – il fut encore au cœur du Tour de France : le « passeport sanguin », qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2008, constitue-t-il enfin une réponse efficace ? Et, si c'est le cas, les autres sports s'engageront-ils dans la même voie que le cyclisme ? En outre, l'élection à la présidence de l'Agence mondiale antidopage (A.M.A.) de l'Australien John Fahey, totalement novice en la matière, pour succéder à l'efficace et charismatique Canadien Dick Pound, risque d'affaiblir l'Agence, d'autant que les États européens étaient opposés à cette candidature. L'A.M.A. parviendra-t-elle, dans ces conditions, à faire ratifier par les États et les fédérations internationales le nouveau Code mondial antidopage, qui doit entrer en vigueur en 2009 ?
Dans l'optique des jeux Olympiques de Pékin, le sport français a connu des fortunes diverses. Les résultats enregistrés lors des Championnats du monde d'athlétisme ne laissent pas augurer une moisson de médailles ; la natation semble en meilleure forme, mais la réussite olympique dépendra peut-être des états d'âme de Laure Manaudou ; le canoë-kayak en eaux vives, le judo (dans le sillage de l'étonnant Teddy Riner, âgé de dix-huit ans, couronné champion du monde des lourds), l'escrime, le cyclisme sur piste pourraient connaître de belles réussites. En revanche, les espoirs sont minces en ce qui concerne les sports collectifs. Les basketteurs, en raison de leur piteux échec lors du Championnat d'Europe (élimination en quart de finale), malgré Tony Parker – devenu le premier Européen désigné M.V.P. (meilleur joueur) de la finale du Championnat N.B.A. au printemps –, ne participeront pas aux Jeux, pas plus que les basketteuses. Les volleyeurs et les handballeurs doivent, eux, passer par de redoutables tournois qualificatifs pour aller à Pékin... Néanmoins, la qualité de l'équipe de France de handball masculine devrait lui permettre de franchir l'obstacle.
Athlétisme : la densité sans l'éclat aux Championnats du monde
Les Championnats du monde d'Ōsaka (25 août-2 septembre 2007) ont laissé les observateurs sur leur faim. Peut-être attendaient-ils trop de cette édition, en se remémorant les derniers Mondiaux japonais, à Tōkyō (1991), qui avaient vu tomber de prestigieux records (Mike Powell, longueur ; Carl Lewis, 100 m) ? L'ambiance fut en effet terne. La Fédération internationale souhaitait confier l'organisation de cette compétition à l'Asie, d'où sont issus la majorité de ses sponsors, tout en sachant que le public japonais n'en ferait pas une fête : les tribunes du petit stade d'Ōsaka (33 000 places) n'ont jamais fait le plein – 29 000 spectateurs de moyenne. Si le public se montra courtois, il ne manifesta guère d'enthousiasme.
Pour la troisième fois de l'histoire de ces Championnats (après 1997 et 2001), aucun record du monde n'est tombé. Certains optimistes voudront y voir un effet de la lutte antidopage. Peut-être, mais une compétition sans coup d'éclat ne saurait marquer l'histoire. Néanmoins, les performances furent d'une rare densité : 22 meilleures « marques » de l'année ont été établies à Ōsaka. À titre d'exemple, pour être finaliste, il fallait, côté masculin, courir le 400 mètres en moins de 44,85 secondes, lancer le marteau à près de 80 mètres ; côté féminin, il était nécessaire[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification