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SPORT L'année 2007

Rugby : la Coupe du monde, succès populaire, échec sportif, aventures humaines...

La France a réussi sa Coupe du monde, l'équipe de France a raté la sienne. Cette formule laconique résume le déroulement de la VIe Coupe du monde de rugby. Pendant six semaines, la France sportive a vécu au rythme des quarante-huit matchs de la compétition. L'organisation fut parfaite, les six mille volontaires s'acquittant au mieux de leur tâche ; de Lens à Marseille, de Nantes à Saint-Étienne, le public fut au rendez-vous, dans des terres traditionnellement footballistiques. Plus de 2,3 millions de spectateurs ont assisté aux rencontres, un record. Les audiences télévisées ont atteint des chiffres impressionnants (18,3 millions de téléspectateurs pour la demi-finale France-Angleterre sur T.F.1, un nombre approchant les meilleurs scores du football pour l'équipe de France de Zinédine Zidane). Les enfants affluent dans les écoles de rugby – on compte 30 p. 100 de demandes d'inscriptions supplémentaires.

« On gagne à trente », telle était la formule de Bernard Laporte, qui clamait depuis longtemps que son seul objectif était le titre suprême. Un leitmotiv censé souder un groupe qui eut la chance de préparer cet événement dans les meilleures conditions pendant trois mois, et qui signifiait qu'il n'y avait pas l'équipe type, d'une part, et les remplaçants, d'autre part, pour que chacun demeure concerné, ce qui n'avait pas été le cas en 2003. Cette formule prit toute son acuité dès l'ouverture de la compétition, puisque les Bleus furent battus de façon inattendue par les Pumas argentins (17-12), ce qui poussa le sélectionneur à modifier totalement l'équipe pour la rencontre suivante. Cette défaite initiale a contraint les Français à affronter en quart de finale les favoris néo-zélandais, et à disputer ce match « à domicile »... à Cardiff – résultats de tractations avec les Celtes lors de la désignation du pays organisateur. À l'issue de cet incroyable succès (20-18) – l'un des plus beaux exploits de l'histoire du rugby français –, la formule redevint le classique « on ne change pas une équipe qui gagne », bien que de nombreux titulaires n'aient pas eu le temps de récupérer avant d'affronter l'Angleterre. Ce qui provoqua sans doute la défaite (14-9) : « on perd à 22 », raillèrent certains. Un dernier échec, de nouveau face à l'Argentine (34-10), dans la « petite finale », et l'aventure se terminait par un fiasco. Marc Lièvremont, le nouveau sélectionneur du XV de France, a du pain sur la planche.

Mais la France n'est pas la seule à avoir connu l'échec. Les All Blacks, qui dominaient la « planète ovale » depuis quatre ans, ont donc été sortis en quart de finale – leur plus mauvais résultat. Même sort pour les Wallabies. Glorieuse incertitude du sport, certes. Néanmoins, l'International Rugby Board (I.R.B.) devrait rapidement se pencher sur les règles, notamment en ce qui concerne la zone dite « plaqueur-plaqué », l'équipe en défense se voyant nettement favorisée, puisqu'elle peut ralentir la sortie du ballon, et ainsi empêcher le jeu de rebondir, les phases d'attaque de se multiplier – ce qui est précisément la marque de fabrique des All Blacks et des Wallabies. Et la finale ne vit aucun essai.

Par ailleurs, l'I.R.B. semble enfin se soucier de la réelle « mondialisation » du rugby. Il a été décidé que l'Argentine intégrerait dès 2011 le Tri-Nations de l'hémisphère Sud ; la demande de la Nouvelle-Zélande, qui organisera la Coupe du monde en 2011, de ramener le nombre des participants de vingt à seize a été rejetée. Mais il faut aller plus loin. Pourquoi ne pas inviter les Fidji, les Samoa et les Tonga à participer au Super 14, la compétition qui réunit les provinces néo-zélandaises, australiennes[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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