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SPORT L'année 2012

Football : l'Espagne marque l'histoire

Andrés Iniesta, 2012 - crédits : sampics/ Corbis/ Getty Images

Andrés Iniesta, 2012

Victorieuse de l'Italie (4 buts à 0) en finale de l'Euro, le 1er juillet 2012 à Kiev, à l'issue d'un match où sa virtuosité technique n'eut d'égale que sa maîtrise tactique, l'Espagne est devenue la première sélection à remporter deux fois consécutivement cette compétition. Dans l'intervalle, elle a gagné la Coupe du monde en 2010. Dès lors, une question se pose : cette invincible armada est-elle la meilleure équipe de tous les temps ? Avant elle, seule l'Allemagne de Franz Beckenbauer avait tutoyé ce triplé, dont le Tchécoslovaque Antonín Panenka l'avait privé en 1976 à l'occasion de la séance des tirs au but de la finale de l'Euro, par un geste technique resté célèbre qui mystifia le gardien de but Sepp Maier. On peut aussi évoquer le Brésil de Garrincha, Didi et Pelé (1958, 1962), le Brésil de Pelé (1970), les Pays-Bas de Johan Cruijff (1974), voire la France de Zinédine Zidane des années 1998-2000...

En fait, toute comparaison est vaine, et seul le palmarès compte au final. Néanmoins, on doit souligner que les triomphes successifs de la Roja se sont avant tout bâtis sur un socle collectif. Contrairement à toutes les équipes précédemment citées, elle n'est pas tirée vers le haut par un joueur de génie : chacun apporte sa pierre à un édifice qui ressemble à une cathédrale. Ainsi, Andrés Iniesta a été élu meilleur joueur de l'Euro (Xavi Hernández l'avait été en 2008), mais ce titre honorifique aurait tout aussi bien pu récompenser Sergio Busquets ou Xabi Alonso, deux milieux « récupérateurs » dont le travail est essentiel. On peut aussi louer Vicente del Bosque, le sélectionneur, qui depuis quatre ans sait gérer les ego de champions qui toute l'année s'opposent, dans le cadre de la rivalité désormais mondialisée entre le Real Madrid et le F.C. Barcelone : « Aujourd'hui, l'identité de cette équipe allie la possession de balle du Barça et l'urgence de jeu du Real », pouvait-il déclarer. Et l'Espagne pourrait bien continuer de briller en 2014 au Brésil, et même après : en effet, parmi les vingt-trois joueurs retenus pour disputer l'Euro, on comptait seulement quatre trentenaires.

Pour le reste, la performance de l'Italie doit être soulignée : alors que le football italien est embourbé dans le Calcioscommesse, un gigantesque scandale de matchs truqués, la Squadra Azzurra s'est hissée en finale. En outre, sous l'impulsion de Cesare Prandelli, l'Italie a tourné le dos à un demi-siècle de catenaccio, pour proposer un football offensif et attractif. Prandelli, qui a pris ses fonctions le 1er juillet 2010, à l'issue d'une Coupe du monde catastrophique pour l'Italie (élimination dès le premier tour), a su conserver sa confiance à des joueurs considérés comme vieillissants (Gianluigi Buffon, Andrea Pirlo), relancer Antonio Cassano et lancer dans le grand bain Mario Balotelli, deux attaquants de classe mondiale mais au caractère difficile. L'Allemagne a atteint les demi-finales, mais ce résultat constitue une réelle déception : en demi-finale, la Nationalmannschaft a été bien plus largement dominée par l'Italie que ne l'indique le score (2 buts à 1) ; Joachim Löw, le sélectionneur, commence à essuyer des critiques, et la talentueuse génération actuelle n'a toujours pas conquis le moindre trophée. Autre demi-finaliste, le Portugal n'a, lui, pas déçu ses supporters. On doit aussi souligner la performance de la Grèce, quart de finaliste, et noter la faillite du football des pays d'Europe de l'Est.

Concernant le jeu lui-même, cet Euro fut celui de l'envie : la majorité des équipes ont joué pour gagner plutôt que pour ne pas perdre, proposant un football tourné vers l'attaque, et ce même si seulement[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Médias

Andrés Iniesta, 2012 - crédits : sampics/ Corbis/ Getty Images

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