SPORT L'année 2013
Formule 1 : Vettel au sommet
La saison de formule 1 ne fut pas d’un grand intérêt, car il y manqua l’ingrédient qui pimente la compétition : le suspense. En effet, on sut rapidement que Sebastian Vettel s’adjugerait un nouveau titre mondial. Déjà, dès la deuxième course de l’année, le Grand Prix de Malaisie, la hiérarchie fut établie au sein de l’écurie Red Bull-Renault : pour s’imposer, Vettel dépassa sans ménagement son coéquipier Mark Webber, alors en tête, faisant fi des consignes d’équipe qui enjoignaient aux deux pilotes de figer les positions ; et son écurie n’émit pas la moindre critique vis-à-vis de ce qui constituait pourtant une faute professionnelle. Puis le jeune Allemand enchaîna les prestations de haut vol et les victoires. Aussi, alors que trois courses étaient encore au programme, il était mathématiquement sacré champion du monde, puisqu’il devançait l’Espagnol Fernando Alonso de 125 points (si Alonso avait remporté ces trois courses, il aurait inscrit 75 points au total). Vettel détenait déjà tous les records de précocité : plus jeune poleman, plus jeune vainqueur d’un grand prix, plus jeune champion du monde. Il a égalé en 2013 de nouveaux records : 13 victoires en une saison (comme Michael Schumacher, en 2004) ; 9 victoires consécutives, série en cours (comme l’Italien Alberto Ascari, sur deux saisons, en 1952-1953). Avec 4 titres mondiaux, il rejoint déjà Alain Prost (mais, au même âge, Prost n’avait remporté que 2 grands prix quand Vettel compte déjà 39 victoires à son palmarès).
Sebastian Vettel a désormais en point de mire les records de Michael Schumacher (7 titres mondiaux, 91 victoires). Peut-être dépassera-t-il un jour son illustre compatriote. Mais, pour égaler celui-ci en termes d’image, il lui faudra sans doute briller dans une autre écurie : la postérité de Schumacher est en effet largement liée au fait qu’on associe spontanément son nom à Ferrari, alors que, pour le grand public, Red Bull évoque beaucoup plus une boisson énergisante qu’une écurie de formule 1.
Pour le reste, Fernando Alonso, qui avait brillamment tenu la dragée haute à Sebastian Vettel en 2012, ne fut plus en mesure de lutter pour le titre dès la mi-saison (il finit pourtant deuxième, mais à 155 points de l’Allemand), et il fit savoir son courroux à la Scuderia Ferrari. En réponse, la Scuderia a recruté le Finlandais Kimi Räikkönen pour remplacer le Brésilien Felipe Massa en 2014, ce qui ressemble à une « mise en garde », car Alonso ne sera plus en position de leader unique et la cohabitation entre l’Espagnol et le Finlandais, deux forts tempéraments, s’annonce houleuse. Par ailleurs, alors que les écuries maîtrisent à la quasi-perfection tous les éléments mécaniques – de ce fait, les abandons sur « casse » deviennent rares –, Pirelli a fourni des pneumatiques qui, à plusieurs reprises, se sont dégradés soudainement : il s’agissait sans doute d’entretenir une forme d’incertitude factice, mais au prix de la sécurité. Enfin, en 2014, les moteurs V8 de 2,4 litres utilisés depuis huit ans seront remplacés par de petits moteurs V6 turbocompressés de 1,6 litre : les cartes seront rebattues, tous les ingénieurs devant repenser totalement l’architecture de leurs monoplaces ; mais, là encore, le savoir-faire d’Adrian Newey pourrait procurer un avantage à l’équipe Red Bull-Renault.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification
Médias