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- 3. Football : une belle Coupe du monde, un grand vainqueur
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SPORT L'année 2014
Football : une belle Coupe du monde, un grand vainqueur
Quelques semaines avant le début de la XXe Coupe du monde de football, les instances sportives internationales redoutaient que cet événement tournât au fiasco : plusieurs stades n’étaient pas totalement achevés, les travaux ayant été retardés par de multiples grèves ; la question de la sécurité des 650 000 visiteurs attendus se posait ; les réseaux de transport semblaient peu opérationnels, notamment dans le domaine aérien. De leur côté, les autorités politiques brésiliennes espéraient qu’une bonne performance de la Seleção – c’est-à-dire le titre mondial – apaiserait une nation touchée par l’ébullition protestataire. En effet, en 2007, quand le Brésil fut désigné pour organiser cette compétition, le pays était en pleine croissance. Mais, depuis lors, il est entré dans une crise économique et, surtout, sociale de grande ampleur. Ainsi, pour la population, accueillir la Coupe du monde ne semblait plus être synonyme de fête et de fierté nationale. Depuis l’été de 2011, les manifestations se multipliaient, le peuple estimant déraisonnables les sommes engagées pour l’événement : le Brésil a en effet investi 11 milliards d’euros pour organiser la Coupe du monde, dont 2,6 milliards d’euros pour la construction ou la rénovation des stades, autant d’argent qui manquera dans des secteurs tels que l’éducation ou la santé.
En définitive, le Brésil a doublement surpris. Déjà, le chaos redouté ne se produisit pas. Certes, l’Arena de São Paulo était encore en chantier le 12 juin, alors que s’y déroulait le match d’ouverture ; certes, tous les stades semblaient finis, mais pas les routes qui y conduisent ; certes, le confort de nombreux hôtels inachevés laissait à désirer ; certes, il fallut mobiliser 150 000 hommes pour assurer la sécurité… Pourtant, la Coupe du monde fut une vraie réussite pour le Brésil : les stades, colorés par un public joyeux, firent le plein (53 592 spectateurs en moyenne par match), et la quasi-totalité des visiteurs quittèrent le pays avec nostalgie, empreints de la chaleur de l’accueil et de l’esprit de fête qui régna durant un mois, au rythme de l’enthousiasme sympathique des milliers de supporters des sélections latino-américaines. Pourtant, le Brésil n’a pas remporté l’épreuve, et il a même connu le pire désastre footballistique de son histoire. Mais, alors que l’échec de 1950 – à domicile, le Brésil avait laissé échapper le titre, battu par l’Uruguay au Maracanã – provoqua une vague de suicides dans le pays, l’humiliation de 2014 ne dépassa guère le cadre sportif – preuve que le pays est réellement entré dans le xxie siècle, et que le football a perdu son statut quasi religieux et son rôle d’« opium du peuple ». Paradoxe : le Brésil a finalement réussi sa Coupe du monde alors que la Seleção a raté la sienne.
En effet, l’Allemagne a remporté cette XXe Coupe du monde, en battant l’Argentine en finale (1-0, en prolongation) après avoir étrillé le Brésil en demi-finale (7-1). Cette victoire, totalement logique, doit réjouir tous les amoureux du ballon rond, car elle récompense une équipe ambitieuse, généreuse, joueuse, complète, tournée vers l’offensive, en un mot séduisante. En outre, elle matérialise une sorte de révolution technique entamée au début des années 2000, après que l’Allemagne avait connu deux lourds échecs à l’occasion de la Coupe du monde 1998 puis de l’Euro 2000. Le sélectionneur de la Nationalmannschaft, Joachim Löw, qui est resté fidèle à ses principes quand les semi-échecs se succédaient et que les critiques s’abattaient sur lui, résume bien cette évolution : « Le football allemand a longtemps été synonyme de puissance, de force, d’engagement, d’endurance. À présent, c’est surtout la jeunesse, la créativité, la vitesse et la volonté constante d’attaquer qui le caractérisent.[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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Médias