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- 4. Jeux Olympiques d’hiver : gigantisme dans tous les domaines
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SPORT L'année 2014
Jeux Olympiques d’hiver : gigantisme dans tous les domaines
Voulus et obtenus par Vladimir Poutine pour affirmer le prestige de la Russie et servir sa gloire personnelle, les XXIIes Jeux d’hiver de Sotchi resteront sans doute comme une curiosité au regard de l’histoire olympique. À l’occasion de ces Jeux, Vladimir Poutine désirait transformer Sotchi en un « Miami russe » et faire du Caucase du Nord, autour de la petite ville de Krasnaïa Poliana, une zone touristique d’hiver de haut de gamme. La Russie dépensa sans compter pour réussir son pari : le budget initial, déjà très important pour des Jeux d’hiver (8,8 milliards d’euros), explosa pour atteindre 37 milliards d’euros. À titre de comparaison, les Jeux d’hiver de Vancouver, en 2010, avaient coûté 1,2 milliard d’euros. Les Jeux de Sotchi furent donc les plus chers de l’histoire, dépassant même dans la démesure les Jeux d’été de Pékin en 2008 (26 milliards d’euros). Il est vrai que tout était à bâtir pour l’événement. En plus des installations sportives, on construisit un aéroport, deux gares ferroviaires, 200 kilomètres de voies ferrées, 400 kilomètres de routes, soixante-dix-sept ponts, douze tunnels. Et l’édification de la luxueuse station de sports d’hiver de Rosa Khutor s’est faite à marche forcée : en cinq ans, ce qui n’était qu’un champ de neige est devenu un domaine skiable de 77 kilomètres, doté de seize remontées mécaniques. Par ailleurs, les mesures destinées à assurer la sécurité furent sans précédent : officiellement, 37 000 policiers et militaires étaient mobilisés (en fait, on en comptait 100 000) ; des navires de guerre mouillaient au large des côtes ; des hélicoptères de l’armée patrouillaient dans le ciel.
Mais le gigantisme de ces Jeux n’est pas dû qu’à la seule folie des grandeurs de Vladimir Poutine. En effet, pour satisfaire les télévisions, le programme sportif a gonflé (98 épreuves, contre 86 en 2010). Si on peut se féliciter de l’arrivée du saut à skis au programme féminin, les autres compétitions nouvellement inscrites ont pour objet de faire dans le « spectaculaire », pour le bonheur des télévisions : slopestyle et slalom parallèle en snowboard ; half-pipe et le slopestyle en ski alpin ; relais par équipes en luge…
De nombreux champions se sont distingués à Sotchi. À quarante ans, le biathlète norvégien Ole Einar Björndalen s’est adjugé 2 médailles d’or : il compte désormais 13 médailles olympiques, ce qui constitue le record pour les Jeux d’hiver, tous sports confondus. Toujours en biathlon, la Biélorusse Darya Domracheva a obtenu 3 médailles d’or, le Français Martin Fourcade, 2 médailles d’or et 1 médaille d’argent. La skieuse de fond norvégienne Marit Björgen a récolté 3 médailles d’or, affichant désormais un total olympique de 10 médailles (dont 6 en or). Le Polonais Kamil Stoch s’est imposé dans les deux concours de saut à skis.
La Russie ne s’est pas contentée d’organiser les Jeux : elle a brillé dans de nombreuses disciplines, ce qui lui a permis d’occuper la première place du bilan des nations, avec 13 médailles d’or, 11 médailles d’argent et 9 médailles de bronze, soit 33 médailles au total (elle était onzième du bilan en 2010 à Vancouver). Pour arriver à ce résultat, les autorités sportives russes ont d’abord su se remettre en cause, afin de redonner de l’éclat à des disciplines traditionnellement fortes, mais dans lesquelles les concurrents russes avaient quasi disparu des podiums : le patinage artistique, qui affiche 5 médailles, dont 3 en or, le ski de fond (5 médailles, dont 1 en or), le biathlon (4 médailles, dont 1 en or). Mais la Russie a aussi réussi à bousculer ses habitudes isolationnistes, d’abord en recrutant de nombreux techniciens et entraîneurs étrangers pour préparer les athlètes, ensuite en n’hésitant pas à naturaliser des champions susceptibles[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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Médias