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- 2. Cyclisme : nouvelle donne ou trompe-l’œil ?
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- 5. Natation : questionnements
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SPORT L'année 2014
Natation : questionnements
Les résultats des Français aux Championnats d’Europe de natation de Berlin doivent conduire les dirigeants à s’interroger et certains nageurs à se remettre en cause, et ce malgré les remarquables performances de Florent Manaudou, qui s’est adjugé 4 médailles d’or en 4 épreuves de sprint (50 m, 100 m, 50 m papillon, relais 4 fois 100 m), lequel a confirmé en fin d’année son statut en remportant 6 médailles, dont 3 en or, assorties de 2 records du monde, aux Championnats du monde en petit bassin. En effet, alors que la délégation française s’était hissée à la première place du bilan des nations en 2010 aux Championnats d’Europe de Budapest (8 médailles d’or, 21 médailles au total), elle chute brutalement à la cinquième place à Berlin (4 médailles d’or, 10 médailles au total). Cet échec, en fait prévisible et attendu, marque une rupture dans la progression constante des résultats de l’équipe de France depuis 2010. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la délégation féminine, privée de Camille Muffat qui a brusquement mis fin à sa carrière en juillet 2014, a perdu sa tête d’affiche. Ainsi, depuis 2002, les Françaises avaient obtenu des médailles dans toutes les grandes compétitions internationales : elles repartent bredouilles de Berlin ; plus inquiétant, seules trois d’entre elles ont réussi à atteindre la finale. Ensuite, en supprimant les critères de sélection sévères appliqués de manière drastique depuis près de vingt ans, l’encadrement souhaitait permettre à de jeunes nageurs de découvrir le niveau international. Or l’échec est total : sur les quarante-deux nageurs et nageuses engagés dans les épreuves individuelles, seulement dix-huit ont atteint les demi-finales et neuf la finale ; en outre, plus de la moitié (23 sur 42) ont nagé moins vite aux Championnats d’Europe qu’aux Championnats de France de Chartres en avril, et très rares sont ceux qui ont établi leur meilleure performance chronométrique. Néanmoins, chacun a loué l’esprit d’équipe, ce qui a sans doute permis au relais 4 fois 100 mètres masculin de rester invaincu depuis 2012, alors que les « chronos » individuels de chacun des nageurs français le situaient loin derrière le relais russe. Viennent ensuite les cas individuels. Jérémy Stravius, exemplaire (1 médaille d’or, 3 médailles d’argent), a pourtant indiqué qu’il avait un moment songé arrêter la natation, et il a semblé ne plus progresser ; il a néanmoins retrouvé de l’ambition et ce spécialiste de la nage sur le dos a décidé de tenter de briller aussi en nage libre, sur 100 et 200 mètres. Surtout, Yannick Agnel, parti s’entraîner aux États-Unis avec Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps, est arrivé hors de forme à Berlin : pour la première fois depuis son irruption sur le devant de la scène en 2010, il n’a pas remporté la moindre médaille d’or dans une compétition internationale ; mais ce garçon sérieux et réfléchi a su tirer les leçons de ce fiasco, et il a décidé de revenir s’entraîner en France.
A contrario, la Grande-Bretagne, qui avait connu un échec cinglant aux jeux Olympiques de Londres en 2012 (3 médailles, aucune en or), arrive en tête du bilan (9 médailles d’or, 24 médailles au total). Les Britanniques récoltent déjà les fruits de la profonde remise en cause postolympique et des investissements consentis : création de pôles d’excellence financés à hauteur de 1,3 million d’euros par an ; nouvelle approche fondée sur le travail à long terme sans préoccupation de la performance à tout prix et du résultat immédiat. La génération britannique émergente, dans le sillage du brasseur Adam Peaty (20 ans), peut afficher des ambitions mondiales et olympiques.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification
Médias